Corps bourdonnants au festival Aire de Jeu

Un compositeur contemporain, quatre chorégraphes, de nombreux danseurs et musiciens : le festival Aire de jeu organisé par les Subsistances promet découvertes, étonnements et coups d’éclats.

Nicolas Muhly festival Aire de Jeu aux Subsistances copyright Matthew Murphy

 

Le festival Aire de jeu organise pour la troisième année consécutive la rencontre entre quatre chorégraphes et l’œuvre d’un compositeur contemporain ; chacun d’entre eux délivrant de cette dernière une vision singulière en compagnie d’interprètes danseurs et musiciens réunis pour l’occasion. En 2013, nous découvrions ainsi grâce au festival Aire de Jeu la compositrice Julia Wolfe à travers l’étrangeté des trois farfadets en noir et blanc de Tânia Carvalho sur une pièce pour cornemuses, avant d’être secoués par l’énergie de quatre danseurs ballottés entre autant de batteries chez Maud Le Pladec puis d’assister fascinés au solo très intérieur, presque méditatif d’Arkadi Zaides. Certains privilégiant comme point d’appui l’analyse de la structure musicale, d’autres l’imaginaire surgi à l’écoute d’un morceau, d’autres encore un mouvement immédiatement imprimé par le son sur le corps. Quatre chorégraphes se prêtent de nouveau à l’exercice pour cette édition 2014 du festival Aire de Jeu autour de l’œuvre de Nico Muhly, New-yorkais trentenaire déjà considéré comme chef de file de la musique contemporaine américaine et comme le fils spirituel de Philip Glass. Composant aussi bien pour de prestigieux orchestres que pour le cinéma, multipliant les collaborations sans frontières – il a notamment travaillé avec Antony Hegarty d’Antony and the Johnsons, Björk ou Usher – son œuvre est cependant déjà dense et cohérente, comme en témoignent ses sept albums.

Des drones planent sur le festival Aire de Jeu

L’un d’entre eux semble avoir retenu l’attention des chorégraphes conviés pour Aire de jeu. Il s’agit de Drones, composé de trois partitions pour piano, alto et violon : Drones & Piano, Drones & Viola, Drones & Violin. Les Drones de Nico Muhly ne sont pas les engins militaires que le mot suggère en français. “Drones“ signifie en effet d’abord “bourdonnement“, comme pour évoquer le bruit de fond, ou bien le décor sonore, de nos quotidiens. C’est la première partie de cette œuvre, Drones & Piano, qui a inspiré à Yuval Pick, directeur du Centre chorégraphique national de Rillieux, son duo intitulé Lumb. L’épure de la composition de Nico Mühly lui permet de creuser par le mouvement les corps des danseuses Anna Massoni et Madoka Kobayashi. Drones & Piano sera assorti des deux autres parties de l’album dans les créations de Laurent Chétouane et Yasmine Godder, deux artistes trop rares dans la région. Le premier circule entre l’Allemagne et la France mais aussi entre le théâtre, la danse, la philosophie. La seconde, vue à Lyon en 2006 à la Maison de la Danse et en 2008 aux Subsistances, compte quant à elle parmi les chorégraphes les plus stimulants de la scène israélienne. Le dernier convive du festival présentera son travail pour la première fois en France : il s’agit du New-yorkais Kyle Abraham, artiste résident au New York Live Art dirigé par Bill-T Jones. En réunissant autant d’artistes issus d’horizons différents, parfois peu familiers du public lyonnais (et français), Aire de jeu s’affirme peu à peu comme un festival de création original et passionnant.

Du 28 janvier au 1er février aux Subsistances, 8 bis quai Saint-Vincent- Lyon 1

En collaboration avec Les Subsistances, l’Opéra de Lyon programme un concert “Baroque & Co”, lors duquel Stefano Montanari dirigera deux concertos de Bach et Vivaldi ainsi que des œuvres de Nico Muhly, dimanche 2 février à 16h à l’Opéra de Lyon, Place de la Comédie-Lyon 1 / 04.69.85.54.54

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