Philip Glass à l’honneur du festival Nouveau Siècle à Saint-Étienne

La musique minimaliste peut être aussi excitante et sexy qu’un titre de Donna Summer, comme le prouvera une nouvelle fois Philip Glass en janvier à l’occasion de son passage dans la région Rhône-Alpes.

philip-glass-copyright-raymond-meier-festival-nouveau-siecle-opera-theatre-saint-etienne-heterocliteLa musique minimaliste a deux points communs avec le disco : le lieu et le moment de son apparition. À New York, dans les années 70, Donna Summer est une disco queen, Philip Glass pas vraiment. Ce serait là toute la différence entre ces deux courants musicaux : l’un est pailleté, l’autre nettement moins. L’édition 2014 du festival Nouveau Siècle, organisé par l’Opéra-théâtre de Saint-Étienne et qui a pour intitulé The New York Moment, propose justement de dépasser ces idées reçues grâce à une programmation accessible qui permet de mieux cerner, à travers les arts visuels et la musique, le mouvement minimaliste. Celui-ci repose sur le fameux principe «less is more» («moins, c’est plus»), édicté par l’architecte Ludwig Mies van der Rohe et prohibe tout ressenti, toute subjectivité. L’art doit être dépouillé et parler de lui-même. Face à une société de consommation envahissante, le salut passe par l’économie de moyens. En sculpture, cette pensée s’illustre dans les œuvres de Joel Shapiro, à qui le musée d’art moderne de Saint-Étienne Métropole consacre une exposition pour l’occasion. Célèbre pour ses formes rectangulaires qui défient la gravité, Shapiro délaisse toute forme d’expressionnisme pour tenter d’atteindre le concept pur et ses sculptures froides et répétitives résonnent en écho aux compositions de Philip Glass.

Rompre la Glass

Le festival met à l’honneur ce pionnier bien plus populaire et rock’n’roll qu’il n’y paraît : Philip Glass a en effet travaillé avec William Burroughs, Ray Manzarek (ex-claviériste des Doors décédé en mai dernier) ou encore les Talking Heads. Et sa célèbre Symphonie n°1 est inspirée de l’album expérimental de David Bowie Low (1977). Car si la musique minimaliste peut paraître élitiste, répétitive, savante et sibylline, elle n’en reste pas moins passionnante, puisant son inspiration dans le jazz ou le rock. Comme le disco plonge ses racines dans les musiques noires, elle a, elle aussi, ouvert une porte fascinante sur le monde en intégrant des sonorités extra-occidentales (japonaises, africaines, indiennes) et des instruments littéralement inouïs pour des oreilles européennes ou américaines. Le festival Nouveau siècle met également en lumière la touche gay-friendly de Glass en proposant de découvrir la musique qu’il a composée pour La Belle et la Bête de Jean Cocteau (et qui sera jouée durant une projection du film). Philip Glass est résolument cool, ce n’est plus à prouver : ne manque plus qu’une reprise de Love To Love You Baby lors de son concert du 18 janvier au Théâtre de la Renaissance à Oullins pour en faire une vraie disco queen !

Festival Nouveau Siècle, du 17 au 25 janvier à l’www.opera.saint-etienne.fr, jardin des Plantes-Saint-Étienne / 04.77.47.83.40

Exposition Joel Shapiro, du 18 janvier au 18 mai au Musée d’art moderne de Saint-Étienne Métropole, rue Fernand Léger-Saint-Priest-en-Jarez / 04.77.79.52.52

Concert solo de Philip Glass, samedi 18 janvier au Théâtre de la Renaissance, 7 rue Orsel-Oullins / 04.72.39.74.91

Photos : © Raymond Meier

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