metronomy love letters heteroclite-2014

Avec “Love Letters”, on chope le dernier Metronomy

Love Letters, le dernier album des Anglais de Metronomy, est un grand disque pop sous influence seventies.

En 1971, le film Orange Mécanique de Stanley Kubrick débutait magistralement par une musique d’Henri Purcell reprise par un synthétiseur sous flangers, produisant un effet sonore oscillant, traînant et inquiétant. En 2014, Metronomy ouvre son quatrième album avec cette même technique. Mais Love Letters n’est pas là pour nous terroriser : le premier titre, The Upsetter, pose simplement le décor du disque, situé en plein cœur des seventies et qui préfère résolument les colliers de fleurs et les cheveux longs aux coups de pieds dans le ventre et à l’ultraviolence.

La bande de Joseph Mount, chanteur et tête pensante du quatuor, a choisi d’explorer les années de libération sexuelle, les années Motown, bref, les années où on laissait entrer le soleil… Car nos cheveux poussent à l’écoute de cet album, notamment lorsque retentissent les chœurs du titre éponyme, qui sonnent comme des samples de la comédie musicale Hair. Du hippie, en voilà encore avec le titre I’m Aquarius, uniquement porté par une boite à rythme et des chœurs ingénus qui osent une litanie sous forme de «choo doo doo waaaah». Et, au milieu de la ballade mélancolique The Most Immaculate Haircut, on entend même quelques clapotis d’eau et des stridulations de grillons façon «retour à la nature»…

C’était mieux avant ?

Contrairement aux premiers albums, quasiment instrumentaux, Love Letters comprend de nombreux morceaux chantés. Jusqu’alors timide et coincé, Joseph Mount se révèle lorsqu’il interprète enfin pleinement ses mélodies magnifiques (Monstrous). Sa voix saute même parfois dans les aigus et, quelques effets des productions plus tard, on croirait entendre du Bowie. Mais que reste-t-il alors de l’ancien Metronomy ? Quid des créateurs des fabuleux titres pop The Bay ou The Look ? Pour le dancefloor, il faudra repasser : seuls les titres Love Letters et Boy Racers semblent pouvoir s’intercaler dans une playlist taillée pour le clubbing (le premier après Let The Sunshine In, le second avant The Temptations…).

En revanche, l’obsession du rythme demeure omniprésente (quoi de plus naturel pour un groupe qui s’appelle Metronomy ?), notamment grâce à une authentique boîte à rythmes italienne des années 70 qui accompagne presque chaque titre de l’album. Le son de la machine est bien sûr volontairement faiblard (Jean-Michel Jarre l’utilisait déjà…) mais l’instrument est tout sauf ridicule : c’est cette boite à rythme qui fait sonner Love Letters comme un grand disque pop, influencé par le passé, mais résolument moderne.

 

Metronomy, mercredi 30 avril au Radiant-Bellevue, 1 rue Jean Moulin – Caluire / 04.72.10.22.19 / www.radiant-bellevue.fr

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