richard iii

Laurent Fréchuret monte un “Richard III” entre farce et tragédie

En montant Richard III de Shakespeare, Laurent Fréchuret s’attaque à une pièce longue et complexe, où la multitude des personnages fait écho à la tortuosité des intrigues. Cependant, grâce à une troupe d’actrices et d’acteurs très convaincante et à un retour à l’esthétique du théâtre élisabéthain, le metteur en scène, originaire de Saint-Étienne, parvient à convaincre et à tenir en haleine les spectateurs pendant près de trois heures.

Classée parmi les pièces historiques de Shakespeare, Richard III raconte l’ascension et la chute du dernier roi d’Angleterre issu de la dynastie des Plantagenêt. Lorsque la pièce débute, les York viennent de ravir le trône aux Lancastre, à la suite d’une lutte fratricide qui a vu s’affronter les deux branches des descendants d’Edward II, permettant à Edward IV, frère de Richard, d’être couronné roi. Mais Richard, le rejeton difforme, interprété par Dominique Pinon, a soif de pouvoir et met en place un plan machiavélique pour écarter ses frères et ses neveux et accéder au trône d’Angleterre, avant que tous ceux qu’il a trahi dans son entreprise ne s’allient contre lui pour le renverser à son tour.

Les nombreuses prophéties qui émaillent la pièce lui confèrent un aspect tragique. Aucun des personnages n’échappe à son destin et tous, ayant de près ou de loin approché le pouvoir, semblent des membres gangrénés qui tombent les uns après les autres. En travaillant sur la polysémie d’objets du quotidien (dans un décor d’un grand dépouillement) et en confiant plusieurs rôles aux mêmes acteurs, Laurent Trébuchet retrouve l’esprit des origines du théâtre élisabéthain. Mieux, en mettant en avant l’aspect farcesque de Richard III, il donne à voir le texte shakespearien, dont la traduction est remarquable, dans toute sa complexité. Loin du classicisme à la française, la pièce n’est pas figée dans un seul registre. Certes, l’avidité du pouvoir est tragique, semble alors nous dire Shakespeare, mais elle confine également au grotesque.

 

Richard III, du 22 au 24 avril au Théâtre de la Renaissance, 7 rue Orsel – Oullins / 04.72.39.74.91 / www.theatrelarenaissance.com

 

Photo © Christophe Raynaud de Lage

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