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Francesco Rapazzini et Emanuele Trevi célèbrent les indomptables

Deux ouvrages parus récemment rendent hommage, chacun à leur manière, à des figures indomptables du siècle dernier.

francesco rapazzini indomptables a l'avant-garde du XXe siecle editions edite heteroclite mai 2014Comme on aime ce titre ! Comme on souhaiterait qu’il nous corresponde en ces temps gris et moutonniers ! Indomptables, c’est-à-dire infiniment libres, irréductibles à quelque norme, quelque définition, quelque cliché que ce soit. Indomptables donc, comme les cinq héroïnes auxquelles Francesco Rapazzini consacre sous ce titre un livre composé de portraits stupéfiants, dans lequel on découvre des personnalités si uniques qu’elles façonnèrent intégralement leur vie, dans la France du début du XXe siècle : artistes, travesties, transsexuelles, militantes… Insoumises toujours, ces personnes hors-normes (Gerda Wegener, Lise Deharme, Michel-Marie Poulain, Marcelle Routier, Ève et Lucie Paul-Margueritte), oubliées par l’Histoire (peut-être en raison de leur différence affirmée), conformes à rien sauf à elles-mêmes (ce qui est bien l’essentiel), ne sont en aucun cas des modèles : tout juste des exemples courageux et lumineux et c’est bien mieux ainsi.

Laura Betti, gardienne de l’héritage pasolinien

Indomptable, insoumis, irréductible, lumineux, courageux, exemplaire : autant de termes qui s’appliquent aussi à merveille à un génie du siècle dernier, écrivain et cinéaste, poète et penseur majeur dont l’œuvre immense ne doit cesser, quarante ans après sa mort ignominieuse, de nous inspirer : Pier Paolo Pasolini. C’est son ombre et celle de l’un de ses textes les plus étranges, Pétrole, qui planent sur Quelque chose d’écrit, dans lequel Emanuele Trevi raconte sa confrontation, douloureuse et drolatique, avec la gardienne de la mémoire pasolinienne, l’extravagante et hénaurme Laura Betti, surnommée La Folle…

Ce n’est pas un hommage courtois que rend Trevi au génie rebelle de Pasolini : il se livre plutôt à une méditation profonde sur ce qui fait la singularité inouïe, irréfragable, dérangeante, ultramoderne de l’auteur de Théorème et de Salo, cette unicité magnifique qui unit Pasolini et les dames ressuscitées par Rapazzini, si contraire à la “bonne image“ à laquelle on essaie – avec notre consentement, parfois – de nous réduire.

 

Indomptables, à l’avant-garde du XXe siècle de Francesco Rapazzini (éditions Édite)
Quelque chose d’écrit d’Emanuele Trevi (éditions Actes Sud)

 

Photo : Pier Paolo Pasolini

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