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Lana Del Rey, Alizée, Christine and the Queens… : les disques de l’été

Cet été, exit l’électro subtile et les groupes indés : on veut du mainstream, de la pop, de la Californie et de l’amour dans des 205 GTI. Sélection de quelques albums estivaux, signés Alizée, Christine and the Queens, Die Antwoord ou Lana Del Rey, qui devraient faire l’affaire.

L’été n’est certainement pas la meilleure saison pour dénicher des perles musicales underground. À l’inverse, si vous vous êtes perdus dans les mojitos, un tube net et carré signé Alizée, Christine and the Queens, Die Antwoord ou Lana Del Rey possède l’extraordinaire pouvoir de vous remettre les pieds sur terre (en l’occurrence sur le dancefloor) tout en vous faisant perdre la tête.

Sa tête, Alizée ne devait pas toute l’avoir lorsqu’elle est passée du brun au blond : visiblement lasse de compter pour des prunes, elle s’est peroxydée les cheveux (au grand dam de ses admirateurs, qui hurlent au sacrilège) à l’occasion de la sortie de son nouvel album, Blonde. Le tube éponyme, aussi inintéressant qu’efficace (que lui demander de plus ?) nous gâte de son refrain agressif et répétitif : «le monde est aux blondes, méfie-toi des blondes décolorées». Impossible d’assumer un tel morceau dans notre propre playlist de l’été, bien sûr ; mais on sera ravi de danser dessus en soirée si quelqu’un d’autre le diffuse pour nous…

La reine Christine

Héloïse Letissier, alias Christine and the Queens, est toujours brune et ce qu’elle a à nous dire est autrement plus intéressant qu’une causette sur les colorations capillaires. Télés, radios, presse : on ne parle que d’elle en ce moment et c’est pleinement mérité. Après plusieurs EPs et des morceaux par-ci par-là, la reine Christine a enfin sorti son premier album. Chaleur humaine est incontestablement un très beau disque pop. Parce qu’il passe de l’anglais au français au sein d’un même morceau, sans complexe et avec classe. Parce qu’il est humble : le chant ne se contente pas de montrer toute son étendue, il sait aussi rester en retenue et se faire parfois drôle.

Et puis, le fantomatique titre Science fiction est parfait pour une soirée, à l’instar du morceau Ugly-Pretty, sur lequel on se retrouve à danser, vacillant et mélancolique, avec au cœur un sentiment que l’on n’avait pas ressenti depuis Missing d’Everything But The Girl. Et quelle habileté dans la reprise des Paradis perdus de Christophe, pourtant maintes fois chantés par d’autres ! La plus-value de Christine and the Queens ? Remplacer le refrain d’origine par celui de Heartless de Kanye West. Quelle liberté si belle à écouter !

Lâchez les chiens

Les Sud-Africains de Die Antwoord, quant à eux, n’ont plus besoin de faire leurs preuves depuis longtemps. Ils sont de retour avec un troisième album (Donker Mag) et seize titres tous plus trash les uns que les autres. En témoigne le morceau Pitbull Terrier, reprise façon hip-hop et techno d’un titre du film Chat noir, chat blanc d’Emir Kusturica.

Le clip est aussi violent qu’esthétique et, à l’image d’un pitbull, attrape son spectateur et ne le lâche pas, provocant attraction et répulsion. Le gros son très brut et simpliste et la hardtech ethnique emportée par un flow polyglotte et bluffant sont depuis 2008 la marque de fabrique de Die Antwoord. Leur son est ainsi finalement très proche de celui de la makina espagnole écoutée à volume maximum dans des 205 GTI. Et c’est pourquoi Donker Mag est l’album de l’été : il nous donnera des envies de pelotage sur des banquettes arrière par des individus portant gourmette et débardeur blanc…

Un disque tout en langueur

Pour calmer nos ardeurs quand viendra la fin de l’été, on pourra toujours compter sur le nouvel album de Lana Del Rey. Ultraviolence est un deuxième disque réussi grâce, en partie, à la collaboration de Dan Auerbach (guitariste des Black Keys) qui apporte avec lui sa fièvre, le soleil de la West Coast et l’envie de boire une margarita face au Pacifique en écoutant chanter Lana. L’ultra-violence dont il est question ici, c’est celle du cauchemar américain, des succès fulgurants et des chutes vertigineuses qui s’ensuivent, de la recherche de la gloire à tout prix et de la dépendance amoureuse.

Cordes orchestrales, tempo lent et lancinant : tout dans cet album est cohérent, bien plus que dans Born to die qui s’éparpillait beaucoup (notamment lorsque le chant empruntait les chemins hasardeux du hip-hop de gangsters !). La torpeur californienne, la réverbe, les guitares saturées et les balades tristes sont beaucoup plus raccord avec ce que Lana Del Rey paraît être : une Américaine vintage, lolita déjà botoxée, sans âge et superficielle. Soit tout ce que l’on aimerait être pour cet été 2014…

 

 

À écouter

Blonde d’Alizée (Sony Music)
Chaleur humaine de Christine and the Queens (Because Music)
Donker Mag de Die Antwoord (Zef Records)
Ultraviolence de Lana Del Rey (Polydor)

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