Faut-il des “pink blocs” LGBT dans les manifs pour Gaza?

Une tribune publiée sur Yagg.com invite les personnes LGBT à prendre part aux manifestations de soutien à Gaza et au peuple palestinien. Sans grand effet jusqu’à présent.

«Gays pour une paix juste en Palestine, contre le racisme et l’islamophobie». C’est sous cet intitulé que Thierry Schaffauser, co-fondateur du Syndicat du travail sexuel (STRASS) et Tarik Safraoui, membre de la commission LGBT du Nouveau Parti Anticapitaliste, ont publié le 3 août dernier sur le site Yagg.com un appel à la formation de “pink blocs” au sein des manifestations en soutien à Gaza qui ont émaillé l’été. En d’autres termes, les deux hommes enjoignent les personnes LGBT à participer de façon visible à ces cortèges. Pour appuyer leur appel, ils rappellent que «le mouvement gay est né en partie à la suite du mouvement pour les droits civiques contre la ségrégation raciale» et que les luttes contre l’homophobie, le racisme et donc le colonialisme ont une origine commune et sont indissociables.

Ils estiment aussi que les personnes LGBT ont une raison supplémentaire de s’engager dans le soutien à la cause palestinienne. Ce faisant, elles refuseraient leur instrumentalisation et dénonceraient les efforts de séduction déployés par Israël à leur égard afin de gagner leur soutien dans la guerre médiatique qui l’oppose aux Palestiniens (une démarche connue en anglais sous le nom de «pinkwashing»). Pas sûr cependant que ces arguments aient porté, à en juger par l’avalanche de commentaires négatifs en bas de cette tribune.

Pas de «pink blocs» pour Gaza à Lyon

À Lyon, des manifestations en solidarité avec les Gazaouis se sont tenues tous les mercredis et tous les samedis de l’été (ou presque), à l’initiative du Collectif 69 de soutien au peuple palestinien, qui rassemble divers associations, syndicats et partis politiques de gauche. Mais on n’a pas vu de lesbiennes, gays, bi ou trans y participer en s’affichant en tant que tels. Les associations LGBT lyonnaises pourraient-elles prendre le relais ?

La principale d’entre elles, la Lesbian & Gay Pride (LGP), compte au sein de son conseil d’administration des associations antiracistes, comme SOS Racisme Rhône-Alpes ou la Ligue des Droits de l’Homme. Ses statuts inscrivent en outre son action «dans le cadre et l’éthique des luttes liées à la promotion des droits humains et des libertés fondamentales» : à la rentrée 2010, elle avait ainsi participé à des rassemblements pour dénoncer la stigmatisation des Roms consécutive au «discours de Grenoble» prononcé par Nicolas Sarkozy en juillet précédent.

Contactée, sa présidente, Edwige Marty, indique que le sujet d’une éventuelle participation de la LGP aux cortèges pour Gaza n’a pas été abordé par le bureau de l’association : il faut dire que celui-ci ne s’est pas réuni durant l’été et que la période des vacances n’est pas la plus propice aux mobilisations. Mais la question pourrait bien se poser en cette rentrée puisqu’elle reste hélas d’actualité : si un cessez-le-feu (semble-t-il durable) a bien été signé fin août, la situation des Gazaouis reste très précaire.

 

Photos : manifestation en soutien à Gaza place Bellecour à Lyon, samedi 19 juillet 2014 (DR)

1 commentaire

  • Citron Mécanique

    “Les personnes LGBT (sigle que j’ai toujours trouvé d’une débilité monumentale, ndlr) ont une raison supplémentaire de s’engager dans le soutien à la cause palestinienne. Ce faisant, elles refuseraient leur instrumentalisation et dénonceraient les efforts de séduction déployés par Israël à leur égard afin de gagner leur soutien dans la guerre médiatique qui l’oppose aux Palestiniens.”
    Vrai. On peut même se souvenir des gens comme Dieudonné et Soral qui jouent les “bad cops” (le politiquement correct surprotégeant les homos et le sionisme étant le “good cop”) en établissant un lien absurde entre la dictature de la pensée sioniste et l’avancée des droits pour les homos. Du coup on se retrouve avec plus de haine des jeunes de cité pro-palestiniens en carton envers les homos, et une ligne de division encore plus sévère entre ces deux groupes. Et cette grosse conne de Christine Boutin n’arrange rien en manifestant sa compassion au “peuple hétérosexuel palestinien”.
    Cela dit, créer des “pink blocks” c’est contre-productif au possible. Déjà faut laisser tomber toute cette esthétisation du droit des homos, ça ne fait qu’entretenir les stéréotypes, et ainsi l’homophobie. Ensuite, si des homos veulent participer à cette manifestation, qu’ils y participent et se fondent dans la masse. Créer une section à part c’est entretenir la “ghettoïsation”, terme si bien employé par Xavier Dolan que je salue au passage pour son courage anti-communautariste. Si on veut mettre fin à cette division entre la jeunesse pro-palestinienne et les militants de l’égalité sexuelle, il faut tout simplement qu’un maximum de personnes défendent ces deux causes en même temps, et qu’on arrête de se retrouver pris dans un choix tristement cornélien entre le politiquement correct dictatorial bien illustré par Najat Vallaud-Belkacem et le politiquement incorrect gratuit mieux illustré par Dieudonné. La France a juste besoin d’un pannel plus large que cette bipolarité nauséabonde.

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