Well Well Well : un mook bien taillé !

Sorti en septembre, le premier numéro du semestriel Well Well Well fait revivre la presse papier lesbienne : une initiative aussi réussie que salutaire.

 

well well well revue lesbienne celine sciamma lyon heteroclite

Après la disparition de plusieurs titres en 2012 et 2013, les lesbiennes n’avaient plus que Têtu pour espérer croiser une de leurs semblables dans la presse. Grâce à une campagne de financement sur Internet, l’ancienne rédactrice-en-chef de Têtue.com Marie Kirschen et son équipe ont remis la presse lesbienne en selle. Attention, Well Well Well n’est pas un magazine comme les autres. Il n’est pas mensuel, il est semestriel : oui, c’est long d’attendre six mois entre chaque numéro, mais ça vaut le coup. Ce n’est pas vraiment un magazine, pas plus une revue ou un livre : mi-magazine, mi-book, Well Well Well est un mook, un bel objet à conserver. D’ailleurs, la première fois qu’on l’a entre les mains, on n’ose pas l’ouvrir de peur de le corner et d’abîmer le peu de représentation médiatique qu’il reste aux lesbiennes. Alors, tel Gutenberg feuilletant fébrilement sa toute première impression de la Bible, on écarquille les yeux devant cet objet rare. Il faut dire que les filles de Well Well Well commencent fort avec Céline Sciamma en couverture. La nouvelle prêtresse féministe du cinéma queer français, dont le troisième film sort en cette rentrée (voir page 20), y donne une interview fleuve. Elle laisse ensuite la place à un texte inédit de Virginie Despentes et c’est avec un ravissement total que nous découvrons une tribune très drôle de La P’tite Blan, sur la chance d’être lesbienne. La belle performance de Well Well Well est d’allier icônes lesbiennes et anonymes, articles d’investigation et reportages photos, culture et militantisme. Celles qui souhaitent un peu plus de légèreté trouveront leur bonheur dans les dossiers sur le foot féminin ou le «Paris lesbien qui fait la bringue». Celles qui a priori s’en moquent y trouveront la preuve qu’on peut lier le futile à l’agréable. À coup sûr, les filles de la rédaction se verront accuser de communautarisme. Mais il faut espérer que ce beau mook continuera longtemps à réparer des années d’oubli des lesbiennes et de la pensée féministe de la part de la presse généraliste et de certains de nos contemporains.

Well Well Well n°1 / www.revuewellwellwell.fr

Poster un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.