“La Nuit des reines” de Michel Heim : nuit de “follie”


Avec La Nuit des reines (ou comment Henri III a viré sa cuti), interprété par la compagnie Soleluna, Michel Heim revisite l’histoire de France en y ajoutant son grain de “follie”.


 

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De tous les rois de France, Henri III (1574-1589) est sans doute celui dont la sexualité a fait couler le plus d’encre. Homo, hétéro, bisexuel ? Aujourd’hui encore, les historiens ont le plus grand mal à faire le tri entre son attirance (semble-t-il bien réelle) pour les femmes et les ragots, entre les faits avérés et la propagande de ses ennemis ultra-catholiques de la Ligue. Michel Heim, pour sa part, ne s’est guère embarrassé d’un quelconque souci d’exactitude historique en écrivant La Nuit des reines (ou comment Henri III a viré sa cuti), puisqu’il imagine un improbable mariage entre “la reine vierge” Élisabeth Ire d’Angleterre (1558-1603) et le jeune souverain français, fraîchement revenu dans son pays natal après un bref passage sur le trône de Pologne.

 

 

Mais “qu’importe de violer l’Histoire, pourvu qu’on lui fasse de beaux enfants !“, comme le disait Alexandre Dumas, dont la sensibilité féministe n’était sans doute pas le point fort. On est pourtant loin de Dumas et de sa Reine Margot (qui a inspiré Patrice Chéreau pour son film homonyme de 1994) et plus proche de la comédie musicale en vers, genre dans lequel Michel Heim excelle : on lui doit notamment Chantons dans le placard (une histoire de l’homosexualité dans la chanson française) ainsi que les très queers Besame Macho (2011) et Orgie romaine (2012), deux pièces déjà interprétées par la compagnie Soleluna au Théâtre Étoile Royale à Lyon (en attendant d’y voir sa dernière œuvre, Le Maître et le chanteur, en janvier prochain). Si la “recette” de ces œuvres légères et joyeuses ne varie guère (travestissement, inversion des genres, humour fripon et rimes “riches”), leur efficacité est toujours indiscutable : on se gondole d’autant plus que les comédiens (Aude Carpintieri, nettement plus drôle qu’Adjani en Marguerite de Valois, son père Giorgio Carpintieri dans les habits austères de la matriarche Catherine de Médicis, Loïc Bonnet, François Tantot et Robert Magurno) se glissent tous avec une délectation visible dans leurs rôles.

La Nuit des reines, les 23 et 24 janvier au Théâtre Pêle-Mêle, 171 rue Jean Michel Savigny-Villefranche-sur-Saône / 04.74.07.16.19 / www.theatrepelemele.fr

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