Music Go Music fait très bonne Impressions

Le groupe Music Go Music n’a, a priori, rien de très queer. Ce trio californien, formé autour d’un joli couple, présente une vitrine tout ce qu’il y a de plus hétéronormé, tout ce qu’il y a de plus conforme. Jusqu’à l’écoute de leur dernier album Impressions

 

MUSIC go music impressions heteroclite novembre 2014 lyonEn 2009, Music Go Music (une formation anciennement connues sous le nom Bodies of Water) sortait son premier disque et quelques audacieux Dj’s faisaient vivre en live le morceau disco (mais pas que) Warm in the Shadows : un titre-fleuve de près de dix minutes, porté par un chant aigu et suppliant et par un refrain qui reprend du coffre pour installer une gravité sublime. Les fondamentaux de Music Go Music étaient posés… Mais il a fallu attendre cet été pour que le trio déploie toute sa superbe avec l’album Impressions. La chanson d’ouverture, Love Is All I Can Hear, nous fait vite comprendre que tout ce qui va suivre sera beaucoup plus gay que ce que la biographie de ce groupe (formé autour d’un joli couple hétéro) ne laisse paraître. L’amour est en effet tout ce que Music Go Music peut entendre et c’est aussi tout ce qu’il va donner sur neuf morceaux : de l’amour à tous les couplets et à tous les refrains. Les mélodies, au centre de l’album, tourbillonnent et sont renforcées, quand le texte s’efface, par des «whouou» et «whaha» sensuels et dignes d’une diva amoureuse et délaissée. Le synthé crépite et fait des arpèges à toute allure. Techniquement, l’album est sans faille, c’est une cavalcade rythmique disco qui ne prend jamais fin, sauf pour se transformer sobrement… en boléro (Part of Me).

ABBA, es-tu là ?

Mais de quelles impressions parlent les membres de Music Go Music ? De celles que des nombreux groupes ont laissé sur leurs partitions ? D’un coup de tampon qui les aurait labellisé «dignes héritiers de l’époque Gloria Gaynor» ? Music Go Music passe des citations aux hommages, voire aux véritables plagiats et c’est bien ce qui rend Impressions tellement jouissif. Tell Me How It Feels ne ressemble pas à ABBA. C’est ABBA : un couplet à deux voix, trépignant et rapide, nous fait patienter jusqu’au refrain qui s’envole en même temps que nos franges. Le morceau (ou plutôt le tube, le chef-d’œuvre !) Inferno transporte quant à lui son auditeur au paradis sur une voix «madonnesque» qui chante sur un disco-rock digne de Blondie. Chaque refrain d’Impressions se doit d’être annoncé et célébré en levant lentement les bras au ciel comme sur Don’t Leave Me This Way dans la version des Communards. Tout se savoure, se délecte, se dévore. L’auditeur de 2014 se retrouve dans la peau de fans de Donna Summer lorsqu’ils ont écouté de bout en bout l’album Four Seasons of Love en 1976. L’excitation est la même ; chaque titre laisse une impression de déjà-entendu, de déjà-dansé dessus. Et c’est indéniablement le point fort de ce disque. En une écoute, le voilà maîtrisé, fredonné et même cadencé du bout de nos platform shoes !

Music Go Music-Impressions- Thousand Tongues

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