“Femme verticale” d’Éric Massé : stand up for your rights!

Sur talons hauts, Éric Massé incarne Juliette et nous entraîne avec elle à la poursuite de notre féminité. Femme verticale est une lecture-spectacle en forme de quête identitaire où l’on croisera (ou entendra) les sulfureuses Nancy Huston, Catherine Millet et Virginie Despentes, les féministes Geneviève Brisac, Simone de Beauvoir et Élisabeth Badinter, les très politiques Simone Veil et Olympe de Gouges et les poétesses Virginia Woolf, Nelly Arcan et Andrée Chédid.

Qu’ont en commun Anaïs Nin, Simone de Beauvoir, Andrée Chédid ou Virginie Despentes ? Ce sont toutes des femmes de lettres qui ont donné, chacune à leur manière, des mots au féminisme. Pour le spectacle Femme verticale, Éric Massé prend le pari de revisiter les œuvres de plusieurs auteures, qu’il s’agisse d’ouvrages de fiction ou d’essais, afin de faire entendre la voix de celles qui ont écrit sur la condition des femmes, à différentes époques et dans différents contextes. Sur un plateau jonché de livres, écrits aussi bien par des femmes que par des hommes, Éric Massé, sous les traits de son double féminin, Juliette, incarne les mots d’une poignée d’auteures féministes, aussi diverses les unes que les autres.

Le spectateur se retrouve ainsi confronté à la pensée théorique de Simone de Beauvoir, d’Élisabeth Badinter ou encore de Virginia Woolf mais également au lyrisme d’Anaïs Nin ou d’Andrée Chédid. En parallèle du voyage littéraire que propose Massé dans Femme verticale, se dessine également un voyage historique, ponctué par des images d’archives des grandes heures du Mouvement de Libération des Femmes (MLF) et des images plus actuelles, autour des manifestations suscitées par le mariage pour tous.

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Une bibliothèque contre les préjugés

Bien que le spectateur n’ait pas toujours toutes les clefs nécessaires pour identifier telle ou telle auteure, la prestation d’Éric Massé, subtile et engagée, permet de faire cohabiter sur scène des extraits de textes très connus avec des fragments moins entendus. Grimé en Juliette, Éric Massé ne sur-joue pas la féminité, mais tente plutôt de la laisser affleurer au rythme des phrases qu’il emprunte à ses illustres compagnes de jeu. L’ensemble crée alors un corpus qui aide à penser la condition féminine à travers les âges, mettant en lumière la continuité des luttes féministes passées et ouvrant des perspectives pour celles à venir. Car la bibliothèque de Femme verticale, loin d’être poussiéreuse, se révèle d’une grande acuité pour déconstruire des clichés qui ont la vie dure.

Si les spectateurs les plus au fait des questions féministes apprécieront sans nul doute de se replonger dans cette histoire, les autres seront certainement suffisamment piqués de curiosité pour aller plus loin dans la rencontre avec cette poignée d’auteures. Car, comme l’indique le titre de ce spectacle, les femmes dont Éric Massé dessine en creux le portrait sont des femmes qui se tiennent debout, fièrement dressées contre les préjugés de toute sorte. Comment, dès lors, ne pas chercher à les connaître un peu mieux ?

 

Femme verticale
Le 8 mars 2016 au Théâtre Jean Marais, 53 rue Carnot-Saint-Fons / 04 78 67 68 29 / www.theatre-jean-marais.com

 

Photos : © Fabienne Gras

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