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La compagnie Soleluna reprend “Le Maître et le chanteur”

La compagnie lyonnaise Soleluna reprend une pièce créée en 2013 et écrite par son auteur fétiche, Michel Heim : Le Maître et le chanteur.

Tout réussit à Michel Heim. Jusqu’à présent, le dramaturge s’était spécialisé dans les comédies musicales légères, gentiment olé-olé mais toujours très gaies et très gays. On lui doit ainsi notamment Chantons dans le placard (une histoire de l’homosexualité dans la chanson française), Besame Macho, Orgie romaine ou La Nuit des reines, des pièces montées au Théâtre Étoile Royale à Lyon par la compagnie Soleluna. Et voilà qu’en 2013, toujours pour cette même troupe, il se lance dans l’écriture d’une pièce, Le Maître et le chanteur, d’un tout autre registre, bien que la musique y soit, une fois de plus, très présente.

Francois Tantot et Giorgio Carpintieri dans Le Maître et le chanteur compagnie soleluna theatre etoile royale heteroclite lyon

Une pièce plus sombre que les précédentes

Le Maître et le chanteur, repris cette saison après avoir été présenté dans le off d’Avignon cet été, repose sur la confrontation entre un baryton débutant (François Tantôt, véritable chanteur qui se tire avec brio des airs les plus difficiles) et son maître de chant (Giorgio Carpintieri, directeur de la compagnie Soleluna, dans un rôle pour une fois non travesti). Le premier, malgré son jeune âge, rêve de décrocher le rôle-titre dans une production du Macbeth de Verdi à l’Opéra de Paris. Un rôle difficile, qui demande beaucoup de maturité et qui fut jadis tenu par le second, juste avant qu’il ne mette brusquement fin à sa carrière lyrique pour de mystérieuses raisons… Cette soudaine résurgence d’un passé refoulé rouvre chez le vieil homme des blessures d’égo mal cicatrisées et vont le pousser à commettre l’irréparable.

Le propos est donc ici plus noir que dans les précédentes pièces de Michel Heim ; l’humour, s’il n’est pas totalement absent, ne fournit au spectateur que de brèves respirations entre des dialogues très tendus. Car c’est à une véritable engueulade que l’on assiste : obnubilé par sa gloire passée, incapable d’admettre qu’il a trouvé plus talentueux que lui, le maestro se répand en propos amers, fréquemment racistes (à l’encontre de sa pianiste asiatique, qu’il surnomme «Ping-Pong») ou homophobes (à l’encontre de son élève, qu’il soupçonne de coucher avec son metteur en scène). On en ressort un poil crispé et vaguement mal à l’aise, preuve du talent des comédiens qui parviennent à nous immerger une heure durant dans l’univers si exigeant du chant lyrique.

 

Le Maître et le chanteur, du 17 au 30 janvier au Théâtre Étoile Royale, 17 rue Royale-Lyon 1 / 04.78.39.21.68

 

Photos : François Tantôt (à gauche) et Giorgio Carpintieri (à droite) dans Le Maître et le chanteur de Michel Heim

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