Macha Makeïeff réhabilite “Les Femmes savantes”

Aux Nuits de Fourvière, le mois de juin est d’ordinaire dévolu au théâtre. À côté des récurrences, comme les spectacles équestres de Bartabas ou le Toutaristophane de Serge Valletti, le festival propose cette année Trissotin ou Les Femmes savantes, création de Macha Makeïeff à partir du texte de Molière.

L’actuelle directrice du Théâtre de la Criée de Marseille, qui a longtemps travaillé en binôme avec Jérôme Deschamps et à qui on doit notamment les Deschiens, investit l’Odéon de Fourvière avec une des dernières pièces de Molière, Trissotin ou Les Femmes savantes, nom complet donné par l’auteur aux Femmes savantes lors de leur reprise en 1672. Alors que la pièce est souvent considérée comme étant misogyne, moquant la crédulité des femmes et justifiant qu’elles n’aient pas accès à l’éducation, Macha Makeïeff prend le contre-pied de cette lecture et y voit plutôt une dénonciation de la misogynie par Molière. Selon elle, il s’agit d’une réflexion autour de l’émancipation des femmes et de la difficulté des hommes à trouver leur place dans ces nouveaux rapports de pouvoir, ainsi que d’une peinture des mécanismes de la famille bourgeoise, prompte à défendre ses intérêts économiques face à un individu extérieur.

Pour cette création, l’action a été transposée dans les années 1970, au moment de la révolution sexuelle. Connaissant le goût du détail de Macha Makeïeff, qui a fait ses armes en tant que décoratrice et costumière, la reconstitution risque de ne pas manquer de piquant. Mais au-delà de l’anecdote, c’est aussi un moyen de montrer la persistance des caractères dessinés par Molière : à chaque époque, l’émancipation des femmes redéfinit les rapports genrés de domination et oblige les hommes à se réinventer. En outre, la metteure en scène dévoile les ravages de la toute-puissante maternelle sur les filles, dénonçant ainsi les mécanismes destructeurs de tout pouvoir en l’absence de contre-pouvoir.

 

Trissotin ou Les Femmes savantes, du 12 au 16 juin aux Nuits de Fourvière / 04.72.32.00.00

 

Photo Macha Makeïeff © Jean-Baptiste Millot