Les recettes de Boubi : le mi-queer au chocolat

Revigorant, aphrodisiaque, sulfureux, antidépresseur, addictif, diabolique, symbole du vice et du dévergondage… C’est ainsi que le chocolat fut perçu en France jusqu’au XIXème siècle. Aujourd’hui, le mi-cuit fait l’unanimité en matière de dessert, quels que soient notre sexe et notre genre. Alors, laissez s’exprimer (sans vous donner de coups de fouets) votre côté dirty et sluty qui rêve de cuir et voit la vie en queer.

Ingrédients

– 200g de chocolat noir pâtissier 70%
– 100g de beurre doux
– 50g de beurre salé
– 3 œufs
– 80g de farine
– 80g de sucre blanc
– 150g de ginger (le rhizome, pas la copine sluty de Valérie Malone dans Beverly Hills 90210)
– une pincée de fleur de sel
– 1 citron jaune (d’accord, l’orange et le chocolat, c’est parfait aussi. Mais l’acidité du citron équilibre le gras du chocolat et bouscule les stéréotypes de ce dessert traditionnel)
– une once de cassonade pour le moule et le croustillant.

Préparation :

Préchauffez votre four à 180°C. Râpez votre gingembre et vos zestes et pressez un demi-citron. Au bain-marie, faites fondre votre chocolat et votre beurre à feu très doux. Le secret d’un chocolat onctueux à souhait et parfaitement malléable réside dans sa fonte lente. Ajoutez-y les zestes, le jus de citron et le gingembre. Pendant que votre casserole chille, battez énergiquement vos œufs et votre sucre dans un saladier et ajoutez par pluie la farine. Votre chocolat est à présent bien fondu et brillant. Mélangez le contenu de la casserole à celui du saladier en faisant tournoyer énergiquement votre cuillère en bois pour éviter que les œufs ne cuisent.

Confection :

C’est là que deux écoles s’affrontent :
– la bourgeoise, qui optera pour des moules individuels, mais pour le coup anti-queer attitude.
– la communautaire, qui préférera le plat collectif à partager, propice aux frottis-frottas olé-olé des petites cuillères ou des langues.
Faîtes votre choix et parsemez votre/vos moule-s beurré-s de cassonade ; répartissez-y la préparation et parsemez le dessus de grains de fleur de sel avant d’enfourner. Comptez 7 minutes de cuisson pour les moules-individuels, 9 minutes pour le grand plat. Soyez bien vigilant-e-s sur le timing.

Préliminaires :

C’est le moment du plaisir solitaire : votre langue de chatte va pouvoir chatouiller en toute intimité toutes les spatules maculées, les infâmes rebords, les fonds de casseroles et de saladiers. Vous êtes un-e dirty slut et personne ne vous voit.

Une anecdote historique pour vous aider à vous abandonner sans complexe au plaisir : quand le conquistador Cortés importa le chocolat en Europe (plus précisément à la cour d’Espagne) au début du XVIème siècle, son retentissement fut tel que les fidèles désertaient l’office pour aller en secret s’en prendre un shot outdoor. Et la coquine Marie-Thérèse d’Autriche (épouse légitime de Louis XIV, voir portrait ci-contre), qui avait visiblement de bons dealers, de s’en claquer des orgies telles qu’elle finit par s’en rendre malade. Mais si on se souvient aujourd’hui de Marie-Thé principalement comme «épouse de» et comme modèle de piété, rendons lui justice : c’est à elle qu’on doit la hype pour le chocolat en France, hype qui en fit une drogue encore plus à la mode à la cour du Roi-Soleil qu’un sachet de cocaïne dans les couloirs de Réservoir Prod.

Les 7 ou 9 minutes sont passées. Vous êtes bien au XXIème siècle, votre pantalon en cuir vous colle à la peau sous la chaleur du four. Vos mi-queer sont cuits. Enfin, mi-cuits. Sortez-les du four.

Dégustation :

À déguster entre adultes consentants : la tradition interdisait de donner du chocolat aux enfants.
– Version versaillaise : dégustez votre mi-queer individuel sans trahir votre jouissance. C’est le moment de placer : «je ne suis pas très dessert, mais là, je dois reconnaître que…».
– Version wild (et donc queer) : roulez-vous dedans, léchez-vous les uns les autres, mais assurez-vous d’avoir un bon Xanax pour assurer votre descente du lendemain.