journées du matrimoine

HF Rhône-Alpes organise les premières “Journées du matrimoine”

En organisant les Journées du matrimoine, l’association HF Auvergne-Rhône-Alpes veut mettre en avant l’héritage culturel des femmes, largement ignoré.

Des hommes, des hommes, encore des hommes, des hommes partout. Et peu de femmes. Le constat vaut pour les lieux de pouvoir (Assemblée nationale, CAC40…) mais aussi pour le monde de la culture. Les femmes sont ainsi sous-représentées aux postes de direction des théâtres ou des centres chorégraphiques nationaux, mais aussi sur scène, où elles sont moins jouées que leurs collègues dramaturges et chorégraphes masculins. C’est pour remédier à ces inégalités que l’association HF Rhône-Alpes a vu le jour en 2008. Elle compte aujourd’hui quatorze collectifs régionaux rassemblant un millier d’adhérent-e-s. Habituellement tournée essentiellement vers les professionnel-le-s de la culture, l’association a décidé dernièrement de s’adresser aussi au grand public. C’est ainsi qu’en septembre 2015, l’antenne francilienne de l’association organisait les premières Journées du matrimoine, comme une réponse à des Journées du patrimoine largement masculines. Cette année, l’initiative est reconduite dans toute la France, dont Auvergne-Rhône-Alpes.

Son but ? «Mettre en avant la mémoire des femmes du passé», «réinscri[re] les femmes dans l’histoire artistique, culturelle et sociale», «extraire les femmes de l’invisibilité et de l’oubli dans lesquels elles ont toujours été plongées pour donner à voir une société constituée d’un héritage culturel commun, mixte et égalitaire».  Les Journées du matrimoine se déclineront pour cela sous la forme de représentations théâtrales, d’expositions, de rencontres, de conférences, de visites guidées… dans l’Allier, la Haute-Loire, la Haute-Savoie, l’Ain et le Rhône.

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À Lyon, le Conservatoire proposera ainsi de (re)découvrir à travers une conférence et des concerts la compositrice Hélène de Montgeroult (1764-1836), la cantatrice Ninon Vallin (1886-1961) et la musicienne Paule de Lestang (1875-1968). Dans le neuvième arrondissement, une balade urbaine partira sur les traces des ouvrières de Vaise. Une autre balade urbaine, organisée par les Musées Gadagne, interrogera «l’espace public face au genre» en montrant comment «les rues, les places ou encore les transports en commun se confrontent aux inégalités de rapports de sexe». Le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation proposera une visite thématique sur «les femmes durant la Seconde Guerre mondiale».

Dans le cinquième arrondissement, la Maison de Pauline Jaricot sera ouverte afin de faire connaissance avec cette grande figure féminine lyonnaise (1799-1862), l’une des premières femmes à avoir son nom de rue à Lyon. De noms de rue, il sera également question dans l’exposition Au nom des femmes, le 8ème s’engage, à la mairie du huitième arrondissement : depuis quelques années, chaque nouvelle rue de cet arrondissement est systématiquement baptisée du nom d’une femme célèbre, afin de rattraper progressivement l’écart entre hommes et femmes qui existe dans ce domaine également.

Parler d’”héritage culturel” plutôt que de “patrimoine”

Faire entrer les femmes dans le patrimoine culturel commun n’est pas simple et ne va pas forcément de soi pour tout le monde. L’étymologie du mot n’y aide pas, elle qui renvoie à «ce qui vient de nos pères». «Le néologisme «matrimoine» en est évidemment le pendant féminin. Mais, à terme, on aimerait que le mot «patrimoine» soit remplacé par celui d’«héritage culturel». En anglais, on parle d’ailleurs d’«heritage», sans mention de genre» explique Joanna Jacuzzi, coordinatrice de HF Auvergne-Rhône-Alpes.

«L’association n’a pas les moyens d’être programmatrice sur un événement tel que les Journées du matrimoine. Nous avons donc lancé un appel à projets et sélectionné les plus pertinents. On aimerait qu’à l’avenir tout le monde s’empare de ces questions. Et nous avons rencontré un écho plutôt positif du côté des institutions. Il faut dire que ce sont des femmes mortes, elles leur font donc moins peur» conclut-elle dans un sourire ironique.

 

Journées du matrimoine, du 15 au 18 septembre en Auvergne-Rhône-Alpes

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