“empreintE”, une initiation à l’art ancestral du shibari

La cinquième édition du festival Only Porn propose de découvrir empreintE, une performance basée sur l’art ancestral du shibari, une technique de bondage venue du Japon.

Lyon en décembre, ce n’est plus seulement la Fête des Lumières et les «Merci Marie» accrochés sur la colline de Fourvière. Depuis 2012, c’est aussi le mois d’Only Porn, le festival des cultures pornographiques organisé par le Lavoir public. Pour cette cinquième édition, on pourra (comme chaque année) se rincer l’œil avec une sélection de court-métrages qui mêlent pornographie et recherche esthétique, créatrice et/ou militante et qui ont à cœur (ou plutôt à cul) de brasser un large éventail de sexualités (jeudi 15 décembre à 20h). Si notre propre sélection de cadeaux à déposer au pied du sapin le 25 décembre ne vous a pas inspiré, vous pourrez également faire vos emplettes de Noël lors d’un vide-dressing fetish (samedi 17 décembre) : le moment ou jamais de dénicher la jolie petite tenue cuir et cravache qui égaiera les vieux jours de Papy et Mamie.

Mais le clou du festival sera sans doute une performance de quarante-cinq minutes née d’une résidence d’artistes au Point éphémère et présentée en septembre au Jerk Off, le festival pluridisciplinaire des cultures queer et alternatives à Paris. Le duo empreintE se présente comme «la libre transposition sur scène du shibari». Non, ce terme ne désigne pas une variété de sushi, bien qu’il vienne lui aussi de l’Empire du Soleil Levant. Le shibari, également appelé kinbaku, c’est l’art des cordes japonais, une tradition ancestrale qui consiste à attacher son ou sa partenaire à l’aide de cordelettes. La «mise en corps» du spectacle est assurée par Flozif, qui a imaginé empreintE avec son ex-compagne Solstyx, à la fois metteuse en scène et interprète elle aussi. Formée aux arts du cirque, elle a découvert le shibari il y a cinq ans à l’occasion de stages à Paris, puis à Berlin.

Pas un rapport de domination

Sur scène, les deux ex-amantes se jaugent et s’attachent, sans jamais tomber dans un rapport classique de domination. «Au contraire, on a voulu casser le schéma maître-esclave, montrer que l’attacheuse n’existe pas sans l’attachée. Les cordes, c’est un parcours à deux». Comme son titre l’indique, empreintE s’intéresse aux marques rougies que laissent les cordes sur les corps, comme une métaphore de la transformation que les liens et les attaches (amicales, sentimentales, sexuelles) opèrent en nous, animaux sociaux. Le spectacle n’aurait pas pu voir le jour sans l’histoire intime qui relie ses deux créatrices et interprètes. «Bien que nous ne soyons plus ensemble, notre histoire continue d’une autre manière à travers les cordes. C’est une façon de se demander quelle est la trace qu’on s’est laissée l’une à l’autre».

Pour celles et ceux à qui la performance aurait donné envie de se mettre au shibari, Flozif proposera un atelier samedi 17 décembre de 15h à 18h.

 

Festival Only Porn, du 15 au 18 décembre au Lavoir public, 4 impasse Flesselles-Lyon 1 / 09.50.85.76.13 / www.lelavoirpublic.fr

 

Photo de Une © Marie Rouge
Photos suivantes © Hervé Photograff