naufragé

Un escort boy au secours de la création dans “Naufragé(s)”

Dans Naufragé(s), Gabriel F. met en perspective le processus de création théâtrale en engageant un escort boy pour lui donner la réplique.

Parce que le Brésil, ce n’est pas que le football et les derniers Jeux Olympiques, la Comédie de Saint-Étienne accueille la création française de Naufragé(s), neuvième spectacle du Teatro de Açúcar, compagnie créée en 2007 et qui a à cœur de privilégier l’écriture originale et le travail d’interprétation.

Écrite par Gabriel F., diplômé en Arts Scéniques de l’Université des Arts Dulcina de Moares, la pièce colle au plus près des préoccupations contemporaines puisqu’elle explore les rapports de moins en moins nets entre fiction et réalité. Le personnage principal est un artiste qui tente de raconter la plus belle histoire d’amour de tous les temps : la sienne. Il crée ainsi son monologue en puisant dans les classiques du genre et en prenant des libertés avec la réalité. Il perd cependant le contrôle de son œuvre en embauchant un jeune prostitué pour tromper sa solitude.

L’amour peut-il survivre à son propre récit ?

À l’aide d’une scénographie très poétique dans laquelle les signifiants endossent des sens multiples (tels l’accumulation de sacs plastiques blancs qui suggère à la fois l’écume des vagues et la pollution des océans), Naufragé(s) ausculte le processus de création artistique, dissèque les mensonges qu’on se fait à soi-même et scrute, au final, le sentiment amoureux.

En mettant en exergue le tiraillement de toute œuvre d’art entre réalité et fiction, Gabriel F. offre un miroir à nos existences numérisées où les faits ne sont plus qu’un élément au sein de récits complexes. Le processus de création perd alors de son aura pour devenir un phénomène universel, partagé et pratiqué par toutes et tous.

Néanmoins, cette mécanique bien rodée des libertés que l’on s’autorise avec la réalité semble achopper lors de la confrontation à l’autre. En effet, c’est lorsque intervient le jeune prostitué que le récit échappe à son créateur, confronté à une autre réalité que la sienne. Se pose alors la question de savoir dans quelle mesure le sentiment amoureux peut s’accommoder de son récit et de quelle manière il peut lui survivre.

 

Naufragé(s), du 18 au 20 décembre à la Comédie de Saint-Étienne, Place Jean Dasté-Saint-Étienne / 04.77.25.14.14 / www.lacomedie.fr

 

Photos © Diego Bresanic

Poster un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.