sexes

Des sexes qui parlent chez Bruce LaBruce et Ducastel et Martineau

Souvent graphique mais jamais gratuite, la représentation des sexes chez Ducastel et Martineau comme chez Bruce LaBruce pose de véritables interrogations artistiques.

Une bite dressée. C’est un challenge dans un film. Toujours. Ce n’est pas si fréquent, toujours pas. Alors plusieurs ! Alors des sexes qui rencontrent des bouches, des culs, qui passent des uns aux autres, qui sont branlés, caressés… Alors une backroom, une partouze, un gang bang…

On ne parle pas de pornos ici, pas de films où l’excitation masturbatoire, dans sa crudité à la fois charnelle et désincarnée, est le seul objet du regard, l’unique raison d’être du film. Non. On parle d’autre chose, de comment une bite dressée, de comment une scène de sexe entre deux (ou plusieurs) mecs peuvent s’insérer dans un récit, de comment et de pourquoi ça se filme, de ce que cela provoque, chez les spectateurs pris individuellement, mais aussi collectivement, de ce que cela a comme poids d’un point de vue politique puisque dans ces cas-là, la censure peu ou prou s’en mêle (classement X, interdiction aux moins de 16 ans, etc.)…

Conjuguer cul et romance

Ce ne sont pas des questions anodines, mais de vraies questions de cinéma, de véritables interrogations artistiques. Et à coup sûr, Olivier Ducastel et Jacques Martineau se les sont posées en filmant pendant vingt minutes la sexualité dans une backroom, prémices inattendues d’une histoire d’amour, et premier temps aussi du premier film sur le sida à aborder la maladie sur le mode contemporain : Théo et Hugo dans le même bateau. Et on voit bien que cela fait sens par rapport à la suite, cette ouverture ultra-sexuée, qu’elle n’est en rien gratuite.

Pas plus que cela n’est gratuit quand Bruce LaBruce, dans ses premiers films, il y a vingt bonnes années, joue avec la sexualité la plus fétichisée, voire la plus hard, et invente le concept de «pornos d’auteur». C’est ce que sont Hustler White, No Skin Off My Ass et Super 8 1/2 : des objets filmiques incongrus et génialement bricolés où le cul et la romance se conjuguent sans à-coups, sans tête-à-queue. LaBruce, comme les Ducastel-Martineau, sait que c’est beau, une bite dressée, et que ce n’est ni neutre, ni muet quand il s’agit de parler de nos amours et de nos vies.

 

Coffret Bruce LaBruce et Théo et Hugo dans le même bateau d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau (éditions Épicentre Films)

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