tisiphone

Avec le trio Tisiphone, la vengeance est un plat qui se mange cold

Trois questions (et une blague) à Clara, Suzanne et Léonard, membres de Tisiphone, trio lyonnais cold, post-punk, tribal, chamanique… et queer ?

Tisiphone est dans la mythologie grecque une divinité de la vengeance. De quoi vous vengez-vous ?

Suzanne : Tisiphone est redoutée des humains et détestée des dieux. Cela nous plaisait.

Clara : Vivre, c’est se venger de quelque chose. Se venger, faire justice… C’est un état d’esprit qui me plait, qui me touche.

Léonard : Dans nos textes, on ne parle pas d’une vengeance contre quelque chose en particulier. Nous ne sommes pas dans une vengeance ciblée mais dans un état de vengeance. Mais si on n’est pas des putains d’anars, on réagit quand même au monde qui nous entoure ! Nos premiers textes étaient très personnels. Mais aujourd’hui, j’ai écrit un morceau (Heureux je suis), un peu poétique et imagé, certes, mais qui parle surtout des premières vagues d’immigration par bateau. C’est un texte en réaction à la situation que nous vivons, c’est évident.

C. : Je ne me sens pas militante, mais politique.

Les femmes, majoritaires dans votre groupe, jouent des instruments rythmiques, ce qui n’est pas fréquent. Clara, vous tambourinez et proférez des incantations sur scène. Vous bousculez un certain ordre établi. Votre formation est-elle queer ?

C. : Forcément, même si ce n’est pas voulu au départ. Deux meufs qui font ce qu’on fait, ce n’est pas vraiment la norme.

L. : Les gens nous disent que c’est original de voir des meufs sur scène. Mais si on est queers, c’est malgré nous, car j’ai l’impression que c’est dans notre nature. À aucun moment les filles n’ont pensé que ce serait bizarre d’être sur scène avec un gars ou de jouer des grosses rythmiques. Pareil pour moi avec le fait de me maquiller. On ne s’est pas dit : «on va faire ça parce que c’est marrant». On est comme ça, on a ce côté androgyne et féministe qui est assez moteur dans notre démarche.

C. : En plus, on mixe des genres, des univers différents et on est attaché-e-s au côté mystique… C’est sans doute pour beaucoup dans le trouble qu’on suscite ! Mais je ne tiens pas à faire du militantisme, même s’il est sûr que notre musique résonne avec les luttes féministes, antifascistes… On est avant tout un groupe lyrique, tout en étant riot.

S. : Quand on a un message à faire passer, on l’accompagne toujours de poésie pour mieux se l’approprier.

Quelle est l’influence sur vous des musiques gay, des cultures LGBT ?

C. : J’ai habité dans un house project queer, féministe et trans à Berlin, donc, forcément, je me sens très proche de ces thématiques ! Musicalement… Je dirais Céline Dion : ma mère est fan ! Sinon, Peaches

S. : J’aime bien Azis, un chanteur gay bulgare magnifique, il est parfait ! Mais ça ne m’influence pas beaucoup. Je travaille aussi avec une performeuse lesbienne noire, Rébecca Chaillon, qui est passée au Lavoir public l’année dernière.

L. : Je n’ai aucune culture LGBT. J’adore sans doute plein d’artistes LGBT mais je crois que je ne les référence pas.

C. : Ben… Depeche Mode ?

L. : Ah oui, j’étais sur-fan de Depeche Mode !

C. : Et Cher aussi ! J’adore. C’est une super-chanteuse.

Avant qu’elle ne découvre le vocoder…

C. : Et le bistouri. Non, en fait, elle est parfaite avec son bistouri !

 

Tisiphone + Celestial Bums + Venin Carmin, mardi 31 janvier au Monkey Club, 19 place Tolozan-Lyon 1
Tisiphone + Frustration, vendredi 3 février à la Bobine, 47 boulevard Clémenceau-Grenoble / 04.76.70.37.58 / www.labobine.net

 

Photo © David Boyer

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