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Shannon Wright de retour avec “Division”

Figure pouponne du rock bougon, Shannon Wright revient avec un onzième album apaisé. En surface seulement : avec le concours de la pianiste Katia Labèque, elle invente sur Division une musique de chambre aux placards grouillant de squelettes – avec lesquels elle jouera aux osselets au Marché Gare.

Dans le grand dictionnaire des dictons passe-partout, il en est un qui statue que «la musique adoucit les mœurs». Pas celles de Shannon Wright : voilà une vingtaine d’années que cette native de Floride exhume les fêlures que masque sa bonne bouille rigolarde, le long de disques rêches et ramassés qui s’écoutent au mieux les poings sur les hanches et la mine renfrognée (“Let In The Light” en 2007), au pire les mains sur la tête et la bouche hurlante (“Over the Sun”, produit en 2004 par le Grand Manitou des guitares abrasives Steve Albini).

Un processus cathartique qui a atteint son acmé en 2013 avec l’estomaquant “In Film Sound, enregistré avec le groupe Shipping News, acteur aussi discret qu’influent (i.e. culte) de la grande opération de relecture des mathématiques par le prisme de la cacophonie qui caractérisa les années 90. Conséquence : Shannon a souvent l’image d’une sauvageonne à pédales (qu’elle perd autant qu’elle écrase), alors qu’elle est avant tout une songwriter accomplie, qui composa son premier morceau au piano… sans même savoir en jouer.

Diviser pour mieux régner

L’instrument est ainsi au cœur de son nouvel album, dont la composition a débuté chez Katia Labèque, fan de la première heure et pianiste de renom qui, avec sa sœur Marielle, se fait fort d’ouvrir la musique classique à des horizons, disons, moins conventionnels – l’une de leurs BFF n’est autre que Madonna, c’est dire. Résultat, Division (paru chez le Bordelais Vicious Circle, son label de toujours) est peut-être le disque le plus nuancé de Shannon Wright, collection de concertos pour murmures et coups de sang dont les plus belles pièces sont aussi les plus sujettes aux courants d’air – en tête Wayward et Accidental, ballades tristes qui la voient s’essayer au hip-hop et à l’electronica avec un matériel et une candeur enfantins.
Pour le reste, Shannon Wright est telle qu’en elle-même : solitaire et polyvalente (elle a, comme à son habitude, quasiment tout interprété elle-même), minimaliste et habitée. Bref, essentielle.

Shannon Wright (+ Raoul Vignal), vendredi 10 mars au Marché Gare, 34 rue Casimir Périer-Lyon 2 / 04.72.40.97.13 / www.marchegare.fr

Concert du 9 mars 2020 au Théâtre du Chatelet en streaming sur le site d’Arte Concert jusqu’au 27 mars 2022.

Photo à la une : Shannon Wright ©Jason Maris

Photo 2 : Shannon Wright ©Jason Maris

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