la révolution du désir

La Quinzaine des cultures LGBTI s’ouvre avec “La Révolution du désir”

Le Collectif lesbien lyonnais ouvre la Quinzaine des Cultures LGBTI avec La Révolution du désir, un documentaire édifiant réalisé par Alessandro Avellis sur les mouvements homosexuels et féministes dans les années 70.

Dans la foulée de mai 1968, le mouvement contestataire social débuté par des étudiants parisiens luttant contre le capitalisme, la bourgeoisie, etc, d’autres révoltes voient le jour. Le Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire (FHAR) et le Mouvement de Libération des Femmes (MLF), en font partie. C’est ce que retrace La Révolution du désir d’Alessandro Avellis, tout en établissant une comparaison pertinente entre les années 70 et l’année de réalisation du documentaire (2006).

Si, au début, la mise en contexte peut sembler un peu longue et nous perd parfois dans la présentation des différents acteurs des mouvements (Guy Hocquenghem, Françoise d’Eaubonne et autres intervenants et témoins présents), La Révolution du désir réussit quand même son défi de médiateur en offrant une vision précise et globale des origines de la révolution sexuelle menée à partir de 1971. Tout y est, du journal Tout ! édité par le groupe maoïste-libertaire Vive la révolution (VLR) qui a fait tant scandale, au Manifeste des 343, qui réclamait la dépénalisation de l’avortement, publié dans Le Nouvel Observateur.

De par les liens étroits évidents qui unissaient le MLF et le FHAR, les deux sont présentés de manière à peu près égale par Alessandro Avellis. Il raconte également ce qui les a éloignés, tout en incluant les critiques faites au FHAR, comme le côté « fourre tout » que lui reproche une des membres de l’association Les Panthères Roses : « Ils mettaient tout dans le même sac que le drag queen, sans distinguer les différentes orientations sexuelles ».

Françoise d’Eaubonne, « grande gueule » féministe  et cofondatrice du FHAR

Décrite comme une « grande gueule » par l’une des intervenantes, Françoise d’Eaubonne, est, aux côtés de Guy Hocquenghem, la tête d’affiche de La Révolution du désir. L’investigatrice du « commando saucisson » (une action des militantes MLF armées de cette charcuterie lors d’un colloque contre l’avortement), cofondatrice du MLF et du FHAR, est clairement mise en avant dans le documentaire. On peut ainsi découvrir, à travers les témoignages d’anciennes militantes du MLF ou de son ancien amant, un aperçu rempli de nostalgie de la personnalité de celle qui « portait les homosexuels sur son dos » en les défendant de manière véhémente pendant une bonne partie de sa vie.

la révolution du désir

Le choc des époques

L’autre particularité de ce reportage, c’est bien sûr le décalage entre sa date de sortie en 2006 et l’histoire qu’il raconte qui se déroule au début des années 70. Un écart sociétal, politique, mais aussi lexical ! Un terme comme « hétéroflic », ou encore le préjugé répandu à l’époque dans le mouvement ouvrier selon lequel l’homosexualité était un vice bourgeois, tranchent totalement avec la mentalité du début des années 2000. Tout comme le discours homosexuel de l’époque. En effet, on comprend les luttes LGBTI ont changé. Il y a un désir, en 2006, de s’intégrer, de correspondre à la « norme hétérosexuelle », alors que la beauté du FHAR était de « vouloir désintégrer la société » comme le disait Françoise d’Eaubonne, d’assumer sa différence.

La Révolution du désir se termine sur une phrase de Carole Roussopoulos, une des intervenantes du documentaire et cinéaste engagée : « Nous, les homosexuels, on n’a pas encore dit ce que l’on ferait lorsque que l’on serait libre ». Une réflexion qui résonne encore, quatre ans après le passage de la loi Taubira.

 

 

La Révolution du désir

Projection gratuite proposée par le Collectif lesbien lyonnais dans le cadre de la Quinzaine des Cultures LGBTI, jeudi 8 juin à 19h30 au Centre LGBTI de Lyon, 19 rue des Capucins-Lyon 1 / 04.78.27.10.10

 

Photo de Une : Manifestation du MLF
Photo 2 : Françoise d’Eaubonne
Photos extraites du documentaire La Révolution du désir

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