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Michel Raskine nous entraîne sur les traces de Maldoror

Michel Raskine adapte pour la scène le sixième et dernier Chant de Maldoror, dans lequel un adolescent croise la route de son assassin.

On se souvient tou-te-s de ce camarade de classe en filière littéraire, recroquevillé contre les boiseries sombres d’un des longs  couloirs du lycée, emmitouflé dans des écharpes et des gilets de laine aux couleurs automnales, le cheveu sale et négligé, qui dévorait ostensiblement Les Chants de Maldoror à chaque intercours, allant même jusqu’à en murmurer des passages à voix basse. Cette caricature nous avait (à tort) éloigné-e-s de cette œuvre poétique signée par le Comte de Lautréamont, pseudonyme utilisé par le jeune Isidore Ducasse, âgé d’à peine vingt-trois ans lors de la première impression de l’ouvrage en 1869 et décédé l’année suivante.

Si la force des images convoquées par les mots de Lautréamont a inspiré les surréalistes (et en particulier André Breton qui fait référence à l’ouvrage dans les Manifestes du surréalisme), elle n’a pas non plus laissé indifférent Michel Raskine, qui s’empare, pour sa dernière mise en scène, du sixième et ultime chant de Maldoror.

Une dangereuse promenade nocturne à travers Paris

Alors que les cinq premiers chants de l’épopée sont constitués d’une suite d’épisodes reliés les uns aux autres par la seule présence de Maldoror, mystérieux et maléfique personnage qui considère, non sans ironie, l’humanité comme une « race stupide et idiote», le chant 6 se rapproche par la forme du roman. On y suit les pérégrinations du jeune Mervyn (on notera la proximité phonétique du prénom avec vermine, autre qualificatif utilisé par l’auteur pour désigner les êtres humains), un adolescent anglais âgé de seize ans, entre la place Vendôme et le Panthéon, à travers la nuit parisienne. La ville devient ainsi le théâtre des désirs et des contradictions du personnage.

C’est le déplacement et l’exploration des rues de la capitale qui initient Mervyn à la transgression, qui lui font découvrir tour à tour la vie et la mort. Trois comédiens – Damien Houssier, Thomas Rortais et René Turquois – flanqués d’une carte de Paris font revivre sur scène ce voyage à la fois urbain et intérieur d’un adolescent qui s’ouvre au monde.

 

Maldoror/Chant 6, du 10 au 14 octobre aux Subsistances, 8 bis quai Saint-Vincent-Lyon 1 / 04.78.39.10.02 / www.les-subs.com

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