Anne Sylvestre

Anne Sylvestre, une étoile discrète en concert aux Chants de Mars

Après plus de soixante ans de carrière, Anne Sylvestre fait toujours salle comble à chacune de ses apparitions. À l’occasion de sa venue au festival Les Chants de Mars, portrait d’une autre grande dame de la chanson française.

C’est en 1957 qu’Anne Sylvestre fait ses débuts au cabaret parisien La Colombe, aux côtés de Jean Ferrat et Pierre Perret. La qualité de ses textes lui vaut d’être rapidement affublée du surnom (misogyne et haï par l’intéressée) de «Brassens en jupons». Tour à tour nostalgiques ou humoristiques, ses chansons font parfois allusion à son enfance. Une enfance que sa sœur, l’écrivaine Marie Chaix, révélera en 1972 dans Les Lauriers du lac de Constance (édition du Seuil) et dont Anne Sylvestre ne parlera ouvertement qu’en 1987. Toutes deux sont les filles d’un collabo. En effet, leur père, Albert Beugrat, a été le bras droit de Jacques Doriot, fondateur et dirigeant du Parti Populaire Français, mouvement fasciste et collaborationniste.

Bien qu’innocente du choix paternel, Anne Sylvestre porte en elle un sentiment de culpabilité qu’elle transcende dans ses chansons par leur universalisme.

Dénonçant la guerre en 1961 dans Mon mari est parti, chantant le désir de liberté en 1962 dans La Femme du vent, Anne Sylvestre dément pourtant écrire des chansons engagées. Le militantisme dont a fait preuve son père l’effraie. C’est pourquoi elle assume un engagement humain, mais non politique, ce dernier étant souvent assimilé par elle à de l’opportunisme.

Pourtant, dès les années 70, elle porte l’étiquette de «chanteuse féministe». En 1974, Non, tu n’as pas de nom est bien plus qu’un plaidoyer pour le droit à l’avortement : c’est une chanson qui cherche à déculpabiliser les femmes qui font ce choix. Car le féminisme d’Anne Sylvestre est franc mais affectueux, comme en témoigne Une sorcière comme les autres, où, sans amertume, elle rappelle aux hommes ce qu’est la condition féminine depuis des siècles.

Au fil des ans, Anne Sylvestre a abordé de nombreux sujets de société (l’écologie, le viol, les femmes battues, le mariage pour tous…), toujours dans son style à elle, poétique, évocateur et rassembleur, qui émeut sans brusquer. Si bien que, de ses débuts à aujourd’hui, chaque sortie d’un nouvel album suscite l’engouement tant du public (qui la suit fidèlement depuis des années) que de la critique (dans des journaux aussi différents que L’Humanité, Le Figaro ou La Croix). Et ceci malgré l’ostracisme des radios et des chaînes de télévision…

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