
Peinture Fraîche conjugue le street art au féminin
La crème du street art lyonnais et international s’emparera de la Halle Debourg pendant près de dix jours. Souvent sous-représentées dans ce type d’événement, les dix femmes invitées vont imposer leurs pattes féminines et féministes. Présentation de cinq d’entre elles qui dictent leurs codes dans la rue.
Vinie
S’imposer en tant que femme avec un univers ultra féminin, voici la réussite de l’artiste parisienne Vinie, grâce à son héroïne noire récurrente. Tour à tour pin-up, superwoman, femme-enfant, hip-hopeuse tout droit sortie d’un manga, Vinie mêle aux coiffures afro de sa muse tags, dédicaces et flops. On aime son regard et le volume que lui permet sa chevelure hors norme ainsi que les différents rôles endossés par une femme racisée sur nos murs. Malgré tout, on regrette certaines poses trop lascives et cette hypersexualisation de la femme noire dont l’art doit impérativement se débarrasser.
MissMe
« Vous n’avez pas besoin de voir mon visage pour comprendre mon message. » La Genevoise installée au Canada MissMe avance masquée d’une cagoule aux oreilles de Mickey, un avatar dont elle se sert dans ses représentations picturales et performances audiovisuelles. Après une agression, elle décide de changer son art et son mode opératoire : un requin toutes quenottes sorties qui remplace un sein, des dessins de vulves reprenant la forme du symbole des illuminati flanqué d’un “Pussylluminati” : l’art en noir et blanc de MissMe balance un uppercut féministe à nos rétines. Véritable artiste visuelle, elle tiendra une conférence sur le street art et l’engagement politique le mercredi 8 mai. Une intervention à ne pas manquer !
Petite Poissone
Originaire de Grenoble, Petite Poissone colle dans toute la France des phrases qui percutent et des dessins faussement naïfs. Des phrases d’espoir, de femme, d’amoureuse, toujours absurdes et décalées. « (Erratum) Contrairement ce qui a été annoncé, la femme ne sera pas l’avenir de l’homme qu’il se démerde. » Petite Poissone maîtrise l’art de l’autodérision (« De toute façon je finirai vieille et moche, alors autant prendre de l’avance ») et du détournement en collant à nos angoisses et à nos absurdités.
GLeo
L’univers graphique et coloré de la Colombienne GLeo s’inspire franchement des cultures ancestrales d’Amérique du Sud où est représentée une certaine idée de la communauté et des traditions. Masques, visages peints, totems incas, idoles aux coiffes fleuries en habits rappelant la Vierge Marie, jeune indien en costume traditionnel baskets aux pieds, GLeo mêle habilement le passé et le présent, le réel et l’imaginaire, l’homme et la nature, à la symbolique divine. Hypnotiques et mystiques, ses fresques happent notre subconscient dans un tumulte de formes et de couleurs.
Softtwix
« À la mort de ma mère que j’ai accompagnée dans son cancer, j’ai trouvé cela fou la manière dont elle est restée belle et digne jusqu’à la fin », confie l’artiste à Graffiti Art. Softtwix a initié le projet E.Doll en 2014, nourrie par cette expérience douloureuse et ses années de travail en tant que photographe dans les milieux de la mode et de la publicité. Ses collages de photographies de visages de femmes aux lignes parfaites, mais scarifiées, nous racontent que derrière la plastique se nichent des histoires de vie, des histoires de femmes qui marquent. Mobilier urbain, immeuble abandonné, fenêtre condamnée, aucun support ne résiste à ses poupées cassées, mais résiliantes.
Peinture Fraîche, du 3 au 12 mai à la Halle Debourg, 45 avenue Debourg-Lyon
www.peinturefraichefestival.fr
© Photo de couverture : MissMe
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