
Biennale : là où les créatrices s’en mêlent
Nouvelle direction artistique avec Isabelle Bertolotti, qui prend la relève de Thierry Raspail, nouveau lieu inauguré avec les 29 000m2 en friche des Usines Fagor : cette 15e édition de la Biennale d’art contemporain de Lyon renouvelle son regard sur la création artistique actuelle.
Là où les eaux se mêlent – titre emprunté à un poème de Raymond Carver – se conçoit et se découvre comme un véritable écosystème où se rencontrent et s’entremêlent les relations entre végétations, êtres humains, espèces bactériologiques, artefacts technologiques ou encore monde minéral. Confiée à l’équipe curatoriale du Palais de Tokyo, composée de sept personnes, dont quatre femmes, la Biennale est le reflet d’un paysage en transition où les transformations sociales, économiques et environnementales sont au cœur des réflexions artistiques.
Une représentation féminine renforcée
Cependant, on peut constater que l’évènement répond à d’autres enjeux de notre époque, à commencer par la présence féminine. Sur les 53 artistes invité·es, il y a 26 hommes et 24 femmes – sans compter les trois duos ou collectifs. La parité est presque de mise, chose assez rare dans le monde artistique pour être soulignée. À titre de comparaison, la 14e édition, Mondes flottants, dirigée par la directrice du Centre-Pompidou Metz, Emma Lavigne, comptait une vingtaine d’artistes femmes pour une cinquantaine de créateurs masculins. Le constat inégalitaire est le même pour la 13e édition, La vie moderne, confiée par Thierry Raspail à Ralph Rugoff : une vingtaine de créatrices sur presque une soixantaine d’artistes. Ainsi, quand on sait que l’œuvre la plus chère d’une artiste femme est L’araignée de Louise Bourgeois, à 32 millions de dollars, alors que Portrait of an Artist (Pool with Two Figures) de Hockney rafle les 90,3 millions de dollars, on ne peut que féliciter l’équipe curatoriale de prôner la parité dans une sphère où les stéréotypes genrés sont omniprésents.
Un point de vue moins occidentalo-centré
Mais la Biennale de Lyon n’est pas la première à faire bouger les choses sur cette question. En effet, la 58ème édition de la Biennale de Venise, qui a lieu en ce moment et qui est une véritable référence en matière culturelle, impose l’égalité en invitant 28 femmes sur 79 artistes. Son titre, May You Live in Interesting Times, est un véritable écho aux problématiques et aux questionnements actuels, comme en témoigne également le plus grand nombre d’artistes provenant d’Amérique du Sud, d’Afrique ou d’Asie. Le phénomène est similaire pour la Biennale de Lyon, où la moitié des artistes vient d’Europe et un tiers seulement est français. Plus de jeunes créateur·trices et d’artistes internationaux exposé·é·s et une implication de 56 entreprises lyonnaises pour une fabrication en court circuit, cette 15e édition nous laisse apercevoir l’avenir d’un nouveau paysage artistique.
Là où les eaux se mêlent, jusqu’au 5 janvier 2020 à Lyon / www.biennaledelyon.com
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