
Édito #149 : À voile et à vapeur
Un jour seulement après qu’un homme âgé de 84 ans, ancien candidat du FN aux élections départementales de 2015, a tenté d’incendier une mosquée à Bayonne en blessant grièvement deux personnes, le Sénat, majoritairement à droite, a eu le bon goût d’adopter une proposition de loi interdisant le port de signes religieux, et donc du voile, aux parents accompagnant des sorties scolaires.
L’examen de ce texte, qui a peu de chance d’être adopté par l’Assemblée nationale, fait suite à une énième polémique autour du voile porté par certaines femmes musulmanes qui a divisé la classe politique ces dernières semaines. Polémique qui a été initiée le 11 octobre par Julien Odoul, élu Rassemblement National (RN) qui s’en est pris à une mère de famille voilée qui accompagnait la classe de son fils lors de la visite du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. Peu de temps avant, le 3 octobre, la Fédération RN du Rhône s’était émue dans un communiqué de presse d’une agression homophobe survenue sur les quais de Saône à Lyon dans la nuit du 27 au 28 septembre, attribuant l’acte à « une bande de racailles ».
Dans ces deux cas, sous couvert d’apporter un soutien à des victimes réelles ou supposées, le personnel politique fait le jeu du racisme et de la stigmatisation. Faut-il encore rappeler ici que la majorité des femmes qui décident de porter le voile en France le fait en vertu d’un système de croyances, que nul n’est contraint de partager, mais que lui garantit le principe de laïcité ? Qu’elles sont des êtres douées de raison que nous n’avons pas à silencier et à réduire au rang de victimes ? Faut-il encore rappeler ici que, contrairement à ce que certains partis politiques dont le succès électoral s’appuie sur la division tentent de nous faire croire, les personnes issues de l’immigration ne sont pas intrinsèquement homophobes ?
Il est malheureusement facile de céder à la peur et de se retrancher sur des positions de repli, de défiance et de haine. À quelques mois des élections municipales et métropolitaines, méfions-nous de ces partis qui n’ont jamais pris fait et cause pour les luttes LGBT et féministes et qui nous veulent soudainement du bien.
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