La militante afroféministe Amandine Gay publie son premier essai autobiographique, Une Poupée en chocolat, consacré aux enjeux de l’adoption transraciale.

Une Poupée en chocolat : la part raciste de l’adoption

Délaissant le cinéma, la militante afroféministe Amandine Gay publie son premier essai autobiographique Une Poupée en chocolat consacré à l’adoption transraciale, dans lequel elle déconstruit les discours sur la parentalité, la famille hétérosexuelle, la filiation et le racisme.

Une Poupée en chocolat est d’abord un récit autobiographique dans lequel Amandine Gay revient sur sa naissance sous X : « Je suis une adoptée transraciale de France, née sous le secret d’une mère marocaine et d’un père français noir ». Adoptée ensuite par une famille blanche, elle subit à l’école négrophobie et micro-agressions en tous genres contre lesquelles l’amour de ses parents adoptifs ne suffit pas à la protéger. De là découle son combat politique et la périlleuse (re)construction de son histoire dont elle fut dépossédée. C’est aussi un essai militant et politique qui rappelle que la famille reste encore aujourd’hui majoritairement définie selon le lien biologique du sang. Pourtant, le passage de l’enfant d’une famille non blanche à une famille blanche vient déstabiliser cette conception, tout comme le font l’ouverture de la PMA aux femmes seules et aux couples de lesbiennes, la progression du nombre de familles monoparentales, recomposées ou homoparentales.

Amandine Gay dénonce ainsi les lois et les pratiques qui protègent la famille hétérosexuelle blanche et instaurent une violence systémique. Elle cite l’exemple des adoptions transnationales qui délocalisent le travail reproductif des femmes, ainsi que l’adoption plénière qui efface les traces des parents biologiques et s’ancre dans des origines coloniales de l’assimilation des adopté·es. Dès lors qu’elle est traversée par ces multiples enjeux de pouvoirs, l’adoption devient politique et non plus seulement privée.

Ouvrir la voix et repenser l’adoption

Mêlant le privé et le politique, Amandine Gay se réapproprie son récit et entame son cheminement vers la guérison : « le politique me sauvera de cette colère », écrit-elle. Écrire ce livre est pour elle un acte militant car il lui permet de conserver les récits minoritaires et invisibilisés. Elle se livre et raconte son histoire personnelle avec ses hauts et ses bas, ses moments de force et les moments où elle se perd dans la drogue et l’alcool pour se chercher et se (re)construire, tout en proposant des solutions envisageables pour fonder un militantisme du point de vue des adopté·es qui repense la famille et les identités minoritaires.

UNE POUPÉE EN CHOCOLAT
D’Amandine Gay (Édition la Découverte).
En librairies.

 

 

 

 

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