Arrivés en janvier 2021 à la tête de la MC2, Arnaud Meunier et Maxime Fleuriot ne manquent pas d’idées pour mettre en mouvement l’institution grenobloise. 

La MC2 Grenoble en mouvement  

Arrivés en janvier 2021 à la tête de la MC2, Arnaud Meunier, ancien directeur de la Comédie de Saint-Étienne et Maxime Fleuriot, ancien conseiller artistique à la Maison de la Danse de Lyon, ne manquent pas d’idées pour mettre en mouvement l’institution grenobloise. 

MC2 Arnaud Meunier Maxime Fleuriot

Quelles sont les grandes orientations du projet que vous menez à la MC2 ?

Arnaud Meunier : Notre projet cherche à rajeunir et élargir socialement le public de la MC2. Nous sommes dans une ville qui a la chance d’avoir une population scientifique ingénieure qui équivaut à deux fois la moyenne nationale. Et en même temps, nous sommes situés à proximité des quartiers prioritaires parmi les plus sensibles de France. En 1968, la MC2 a d’ailleurs été construite sur ce site pour être à la périphérie urbaine. On est donc le lieu idéal pour être le lieu de croisement de toutes et de tous, c’est-à-dire l’idéal même d’une politique culturelle. 

Maxime Fleuriot : En arrivant, on a voulu redonner sa place aux arts du mouvement, qui étaient très présents à la MC2 il y a 10-15 ans. Notamment en donnant à voir des marqueurs chorégraphiques, comme Maguy Marin, Mathilde Monier, Boris Charmatz, Rachid Ouramdane, tout en proposant des ouvertures. 

Y a-t-il, en termes de programmation, une attention particulière portée sur les questions d’inclusivité en général et LGBT+ et féministes en particulier ? 

Arnaud Meunier : Les questions d’inclusion font clairement partie du projet, notamment en donnant une vraie place aux artistes. On a besoin de modèles. En donnant de la place aux créatrices et à la diversité, mot-valise qui signifie donner de la visibilité aux artistes qui ne sont pas blanc·hes, pour le dire vite. Les questions LGBT+ sont au coeur de nos discussions avec Maxime, notamment en lien avec le tissu grenoblois. 

Maxime Fleuriot : En effet, sur le plan local, on est attentifs à ce qui existe déjà. On a pris part à la Marche des fiertés pour rencontrer les organisaetur·rices. Il y a clairement un potentiel de développement et de coopération de notre part. C’est au coeur de nos envies de programmation. Sur le plan chorégraphique, l’inclusivité ça passe par donner de la place aux cultures urbaines dans leur diversité : le hip-hop mais aussi le krump, le voguing, la house, beaucoup de choses que l’on méconnait. On propose le 19 mars le Pink and Blue Ball, un événement assez emblématique de ce que l’on a envie de faire. On réunit dans la même journée un plateau électro qui vient de la Villette, le Golden Stage, et puis un ball voguing avec des artistes de la Gaité lyrique, pour finir tous ensemble sur le dancefloor le soir. Pour moi, c’est vraiment l’idée de l’Arche de Noé : on prend toutes les couleurs, toutes les sensibilités, on organise les rencontres et les croisements. 

En parlant de danse, un nouveau projet voit le jour en mars-avril, Transe-en-danses, est-ce que vous pouvez nous le présenter ? 

Maxime Fleuriot : Ce projet part du constat que la danse travaille beaucoup sur le geste répétitif, sur la musique répétitive et agit de cette manière sur le cerveau. L’idée est de réunir des chorégraphes qui travaillent sur ces questions que ce soient notamment Nacera Belaza et le mouvement circulaire, Alessandro Sciarroni et la répétition. Les artistes réuni·es s’intéressent aux états modifiés de conscience comme le rêve, l’hypnose, la transe. Or on sait grâce aux neurosciences que lorsqu’on regarde quelqu’un danser, les zones sollicitées dans notre cerveau sont proches de celles sollicitées dans le cerveau de l’interprète, c’est le phénomène des neurones-miroirs. Ce sont ces liens que l’on souhaite explorer.

Y aura-t-il à l’avenir plus de temps forts dans la programmation ? Est-ce qu’on se dirige vers des propositions plus éditorialisées plutôt qu’une simple succession de spectacles et de concerts ? 

Arnaud Meunier : Oui, c’est exactement les réflexions sur lesquelles nous sommes. On est actuellement en transition entre le gabarit précédent et le projet tel qu’on l’a rêvé. Mais effectivement le fait de plus éditorialiser la programmation, le fait d’avoir des temps forts qui permettent de solliciter le public différemment, c’est clairement au coeur du projet. 

Et pour finir, d’une manière professionnelle et personnelle, quelle est l’image que vous avez de la vie LGBT+ grenobloise ? 

Arnaud Meunier : Ce qui est étonnant, c’est qu’il y a une grosse communauté mais c’est une sorte de diaspora. Il n’y a pas de club, un bar tout seul. C’est une communauté assez jeune, assez disparate et assez alternative. Ce goût de l’alternatif, ça nous intéresse, on aimerait que la MC2 soit perçue comme étant une institution qui peut être alternative. C’est un peu tout notre enjeu, de passer de l’éléphant blanc au lieu alternatif qui peut organiser des soirées. Comme c’était le cas historiquement d’ailleurs avec les soirées électro grenobloises nées à la MC2. 

À voir 

Pink and Blue Ball, le 19 mars 2022

Transe-en-danses, du 16 mars au 26 mars 2022 

À la MC2 Grenoble, 4 rue Paul Claudel-Grenoble.

 

© Guillaume Ducreux

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