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Close de Lukas Dhont

Lukas Dhont, réalisateur belge qui avait remporté la Queer Palm 2018 avec Girl, revenait cette année à Cannes pour présenter son second long-métrage, Close, qui lui a valu le Grand Prix. Close suit la relation tendre et fusionnelle entre Léo et Rémi, deux garçons de 13 ans qui voient leur amitié bouleversée par le poids des normes à l’aube de l’adolescence, jusqu’à ce que “l’impensable les sépare”. Un film sensible et grave qui traite de la violence des normes de genre, de la responsabilité et du pardon, mais également, en sous-texte, de la santé mentale des personnes queers.

Y a-t-il une part de votre histoire dans le film ?

Lukas Dhont : Je pense que le film et moi sommes profondément connectés. En grandissant, j’ai eu le sentiment de ne pas vraiment appartenir au groupe des filles, ni à celui des garçons. À cause de ça, j’étais assez solitaire. À l’adolescence, d’autres garçons voulaient rester ou devenir proches de moi, aller dans une amicalité. Et j’ai beaucoup gardé mes distances, parce que j’en avais peur. C’est quelque chose qui reste avec moi aujourd’hui, et d’une certaine manière, j’ai voulu faire ce film comme un hommage à ces amitiés que j’ai perdues. 

Dans le film, Rémi symbolise ce personnage qui, malgré la violence des normes, ne change pas qui il est.

Ce n’est pas forcément le personnage qui reste lui-même, mais celui qui a une fragilité énorme. Et cette fragilité, il la garde. Le film parle de la violence de se conformer. Rémi ne peut pas faire comme les autres, ou comme Léo. Alors que Léo, c’est quelqu’un qui a envie d’être avec et comme les autres. La perte d’une amitié, de la tendresse, peut vraiment nous marquer. La perte de soi, aussi, lorsqu’on apprend à des jeunes garçons à s’attacher d’une certaine manière, à garder leurs émotions. Peut-être que Rémi symbolise quelqu’un qui découvre cette masculinité toxique, et qui ne sait pas gérer ça.

C’est en tout cas le seul personnage assumant une forme d’amour pour un autre garçon, et à qui il arrive cette tragédie au milieu du film. Ça m’a fait penser au trope Bury your gays, vous connaissez ?

Oui et je comprends, parce que j’ai vu ces films aussi. Mais je voulais être plus nuancé. Pour moi c’est un film d’amour dans le sens large entre deux garçons, qui sont en train de découvrir le monde et eux-mêmes. Donc je ne sais pas si Rémi est queer. Et c’est ça qui est très important. 

Il y a quand même des regards lourds de sens. 

Quand on voit deux garçons dans un lit aussi proches, on est habitués à immédiatement faire ces réflexions. Dans le film, je ne dis jamais concrètement s’ils sont queers ou pas, si leur amitié est plus que ça. Parce que pour moi, ce qui importe c’est la beauté de l’intimité. Et ils sont dans ce moment entre l’enfance et l’adolescence où ils se découvrent. Dans cette découverte, l’un se transforme, Léo, et l’autre, Rémi, est en choc face à cette transformation. En choc face à cette masculinité toxique qui a aussi un impact sur lui.

Cela faisait-il quand même sens pour vous d’être à la Queer Palm ? 


Oui, j’étais très content. Je pense que pour toutes les personnes queers, la masculinité toxique, les amitiés ou la violence de la conformité, ce sont des thèmes qui  sont importants. Dans ce sens c’est un film queer, sans vouloir identifier ou labelliser ces personnages. 

À voir 

Close de Lukas Dhont avec Eden Dambrine et Gustav De Waele. En salles depuis le 1er novembre. 

©Mayli Sterkendries

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