Brockhampton

Brockhampton : le dernier boys band ?

Alors que Brockhampton, groupe de hip hop originaire du Texas, vient d’annoncer sa séparation avec deux derniers albums, retour sur ce qui pourrait bien être le dernier boys band.

« We are a boys band! » Nous sommes à l’automne 2017 et ces mots sont ceux de Ian Simpson – aka Kevin Abstract – leader de l’hydre Brockhampton, durant une interview lâchée par le collectif en marge d’un concert. Les garçons facétieux qui font alors face à la journaliste de MTV, visiblement désarçonnée par cette déclaration, sont pourtant très sérieux. S’ils s’amusent avec un concept rongé jusqu’à l’os par l’industrie musicale des années 90, Kevin et ses compagnons revendiquent bel et bien le terme, offrant même de le redéfinir.

Kevin est noir, gay et insiste sur le fait qu’appartenir à un boys band ne devrait pas être réservé à de jeunes blancs straight (?). Après tout, Brockhampton n’est-il pas un groupe de boys formant un band ? En novembre 2017, le groupe est en passe de révéler Saturation III, le dernier volet d’une intense saison créative amorcée quelques mois plus tôt en juin et déjà composée de Saturation I et II.

Brockhampton est alors simplement parvenu à saturer l’industrie musicale, livrant en à peine six mois : trois albums, une douzaine de clips et une série produite par Viceland intitulée American Boyband sur les coulisses de Saturation. Très vite, le public en redemande et l’ensemble des médias hip hop regardent désormais dans une seule et même direction : Brockhampton, qui peut alors s’enorgueillir d’avoir réussi son pari : être le boys band le plus important depuis One Direction ! Ceci est confirmé par le deal NBAesque que les garçons signent début 2018 avec Sony. Un sésame bien mérité tant leur musique rencontre déjà un succès critique et public considérable. 

Dès lors plus personne ne s’amuse du statut de la bande à Kevin. 

Pourtant, en novembre 2022 Brockhampton n’est plus, les garçons ayant annoncé en janvier dernier un « hiatus indéfini ». Poussant ici le vice jusqu’à cocher toutes les cases d’un arc narratif typique des boys bands : une courte existence comportant un succès rapide, l’éviction d’un membre puis la séparation, tout ceci laissant bien évidemment augurer un retour… The Family et TM, tout deux sortis en novembre, clôturent cette belle histoire, leur belle histoire. Si TM, dernier véritable team effort, est malheureusement passable, The Family a lui l’étoffe d’un album d’adieux. Touchant, Kevin Abstract y livre seul, en pleine conscience, ses lâchetés, ses absences et nous dit encore l’amour pour ses frères, sans toutefois faire l’économie de quelques boursouflures égotiques. « The show’s over, get out your seats!»

À écouter

The Family de Brockhampton (Question Everything Inc. / RCA – Sony, 2022). Disponible sur les plateformes de streaming.

Top 3 forcément subjectif :

HEAT (SATURATION I, 2017)

J’OUVERT (iridescence, 2018)

NO HALO (Ginger, 2019)

© Lucas Creighton

Poster un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.