Griffon

Le Griffon : la santé sexuelle sans stigmatisation

Le Griffon, centre de santé sexuelle, nous a ouvert les portes de ses nouveaux locaux, l’occasion pour nous de faire un point sur cet endroit unique et essentiel à la communauté LGBT+ lyonnaise. Aurélien Charnay, directeur du Griffon à répondu à nos questions. 

Votre présence rue des Capucins nest pas une simple coïncidence, pourquoi avoir choisi de vous installer ici ? 

Aurélien Charnay : Ce n’est effectivement pas un hasard, il existait déjà un centre de santé sexuelle dans le même quartier (rue du Griffon) mais le local était petit. Il reposait sur le travail des bénévoles et les horaires étaient plus contraignants. Pouvoir investir l’ancien poste de police, rue des Capucins, s’est présenté comme une réelle opportunité, d’autant plus que nous sommes à présent dans la même rue que le Centre LGBTI+. Maintenant, nous sommes ouverts de 12h à 21h du lundi au vendredi et un samedi par mois. Sur place, il y a un médecin, un infirmier, un médiateur et une personne pour accueillir les patient·es. Nous avons de vrais locaux médicaux et surtout nous avons un laboratoire interne.

Proposer une prise en charge complète est au cœur du projet initial du Griffon, pourquoi ? 

Aujourd’hui cela paraît logique car la santé sexuelle est envisagée dans sa globalité en termes de politique de santé publique. Mais en 2016, aux prémices du projet du Griffon, ce n’était pas encore une évidence. Il y avait vraiment une segmentation dans la façon de prendre en charge les patient·es dans le monde médical (séparation entre addicto, IST, VIH…). L’idée originelle était de créer un lieu qui prendrait en compte tous les volets de la santé sexuelle. 

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Pourriez-vous revenir sur les associations avec lesquelles vous travaillez au quotidien ? 

Nous travaillons main dans la main avec l’Enipse. Nous collaborons également avec Keep Smiling, l’ALS, Cabiria et l’ALSM. Le Griffon a pour but de réunir au maximum les associations locales, ayant chacune leurs publics, qu’elles redirigent ensuite vers le Griffon. Nous faisons du soin, les associations nous permettent de nous mettre en relation avec les différentes communautés.

Vous décrivez le Griffon comme un espace de santé expérimental, en quoi cette structure se différencie-t-elle des centres de dépistage plus conventionnels ?  

Concrètement, la différence entre un CeGIDD et le Griffon se fait au niveau de notre approche communautaire. Nous n’accueillons pas tous les publics, nous priorisons la communauté LGBT+ et les TDS. Les pays anglo-saxons ont d’ailleurs déjà opté depuis plusieurs années pour cette approche communautaire et observent des résultats très positifs.

Êtes-vous satisfait·es de la fréquentation de votre centre ? Quels retours avez-vous eu de la part de la communauté LGBT+ ? 

Globalement nous avons de très bons retours, mais nous faisons surtout attention à la satisfaction des patients. Nous commençons toujours par faire un balayage complet de la situation en discutant avec un médiateur communautaire ( bien-être mental, sexualité, consommation de produit), ce sont des véritables pivots du parcours de soin. Nous co-construisons avec le patient les modalités de la prise en charge. 

Comment vous assurez-vous que les professionnel·les de santé, à l’œuvre dans votre centre, soient bienveillant·es à l’égard des minorités quil cible ? 

Tous·tes les salarié·es dans le centre sont issu·es de la communauté ou/et sont spécialistes de la santé sexuelle. Nous veillons à mettre en place un safe place où tous les professionnel·les de santé ont une approche de non-jugement. 

Les travailleu·ses du sexe sont encore très stigmatisées dans la sphère médicale, comment permettez-vous à ces personnes, d’avoir accès à une prise en charge et un suivi régulier ? 

Cabiria nous permet d’établir une relation de confiance entre les TDS et notre centre de santé. Ensuite, les TDS souhaitent effectuer des dépistages mais en majorité ne veulent pas de prise en charge plus globale. Le dépistage complet en 90 minutes que nous proposons permet un gain de temps énorme pour ces personnes particulièrement exposées.

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Nous avons abordé de nombreuses spécificités liées à votre centre de santé sexuelle et à son ancrage local, êtes-vous présent·es ailleurs que dans vos locaux ? 

Nous faisons déjà un peu d’hors les murs, avec notamment l’association Enipse, mais nous souhaitons développer davantage cet axe. Par exemple, nous nous rendons régulièrement au sauna l’Oasis. Les agents de prévention de l’Enispe informent et dirigent les usagers vers nos infirmier·ères qui les accompagnent sur place. 

Dans votre centre de santé sexuelle, vous avez choisi de développer tout un axe autour du chemsex, quel service avez-vous mis en place pour accompagner ces utilisateurs ? 

Nous avons un lien historique avec le CSAPA (Centre de Soins d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie) de Croix-Rousse, une fois par semaine et une soirée par mois, un médecin et un infirmier spécialistes occupent nos locaux. Nous allons également mettre en place des groupes de parole autour du chemsex avec l’équipe du CSAPA et une psychologue de L’Enipse. 

Quel avenir pour votre centre de santé sexuelle ? 

Nous sommes encore en phase de test. Nous espérons, à la fin de l’année, être reconnu comme le centre de santé sexuelle à approche communautaire de Lyon afin de pouvoir continuer notre travail mais aussi élargir nos champs d’action.

Pour préparer votre visite : 

Le Griffon, 23 rue des Capucins, Lyon 1 / 04.28.29.04.87

@ Misha Faber

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