Projection au Comœdia des Joies de la Famille. Patrik 1, 5

Le 5 octobre prochain, Écrans Mixtes (association de cinéphiles attachés à la promotion de la diversité sexuelle au cinéma) et l’Association des Parents Gays et Lesbiens (APGL) organiseront la projection au Comœdia de la comédie suédoise Les Joies de la Famille. Patrik 1, 5 (son titre en version originale) narre avec humour et acuité les déboires d’un couple d’homosexuels confrontés à leur nouveau fils adoptif… qui, à la suite d’une erreur typographique, s’avère être un ado de 15 ans tête-à-claques (et homophobe de surcroît), en lieu et place du mignon bambin de 18 mois initialement attendu. En France aussi, le sujet de l’homoparentalité a été abordé au cinéma dans un film sorti il y a un an de cela, Comme les autres, avec Lambert Wilson et Pascal Elbé dans le rôle du couple homo très propre sur lui, mais la comédie suédoise s’annonce un poil plus corrosif.

Chemin de croix

Le film sera suivi d’un débat autour des thèmes de l’adoption par des homosexuels et de la famille homoparentale. Seront présents, en plus des représentants des deux associations organisatrices chargés d’animer le débat, maître Gabriel Versini, spécialiste en droit et défense de la famille et avocat de la Lesbian & Gay Pride de Lyon, Geneviève Dussardier, psychologue, Jean-Louis Touraine, député socialiste du Rhône et 1er adjoint au maire de Lyon, ainsi qu’une personne en cours de procédure d’adoption qui viendra témoigner de son expérience. Ce débat sera sans doute l’occasion de revenir sur le véritable chemin de croix que doivent emprunter les homos désireux de fonder une famille dans notre pays. Contrairement à la Suède et à une poignée d’autres pays européens (l’Espagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Norvège, le Danemark et l’Islande), la France n’autorise pas en effet l’adoption par un couple homosexuel ; en revanche, rien dans la loi n’interdit à une personne homosexuelle d’entamer une procédure d’adoption pour elle-même.

Discriminations

Voilà pour la théorie. Dans les faits, révéler son homosexualité lors de l’enquête sociale et psychologique qui suit la demande d’adoption peut souvent s’avérer le plus sûr moyen de se voir refuser la délivrance d’un agrément, généralement pour des raisons plus ou moins fantaisistes. Ces discriminations cachées persistent malgré deux condamnations de la France par la Cour Européenne des Droits de l’Homme : la première le 26 février 2002 dans l’affaire Fretté contre France, la seconde le 22 janvier 2008 dans l’affaire E. B. contre France. Et lorsqu’enfin un individu homosexuel, déclaré ou non, parvient à obtenir l’agrément du conseil général de son département, il n’est pas pour autant arrivé au bout de ses peines : en raison du très faible nombre d’enfants susceptibles d’être adoptés en France, l’adoptant doit le plus souvent se tourner vers l’étranger. Et, là encore, l’immense majorité des pays refuse d’ouvrir ses orphelinats aux homosexuels… On a en eu une illustration il y a dix jours encore, avec le refus opposé par l’Ukraine à la volonté d’adoption du chanteur britannique Elton John. À l’issue de la visite d’un orphelinat pour enfants nés de parents séropositifs, celui-ci avait manifesté le désir d’adopter un petit Ukrainien de 14 mois, mais cette demande a été rejetée en raison de l’homosexualité d’Elton John et de sa différence d’âge trop élevée avec l’enfant (Le Monde du 17 septembre 2009). Il sera certainement question également au cours de ce débat de la réforme à venir du statut du beau-parent. Un avant-projet de loi avait été présenté au printemps dernier par la ministre de la Famille Nadine Morano, suscitant de vifs remous au sein de la majorité, certains craignant que cette réforme ouvre la voie vers une reconnaissance légale de l’homoparentalité. Une mission de réflexion a alors été confiée au député UMP des Alpes-Maritimes Jean Leonetti, qui s’est empressé d’affirmer que la réforme n’aborderait pas la question de l’homoparentalité, au grand dam des associations. Affaire à suivre, donc…

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