“Regarde maman, je danse” de Vanessa van Durme : elle était une fois…

Le festival Autrement Gay accueille pour sa septième édition un spectacle bouleversant sur le thème de la transidentité : Regarde maman, je danse.

 

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Nulle part autant que dans les théâtres se pose la question du costume et ne se pratique le travestissement. Si les comédiens interprètent couramment (pour des raisons pratiques ou dramaturgiques) des personnages de l’autre sexe, si l’on rencontre parfois chez des auteurs du 20e siècle des figures marquantes de travestis, la question de l’inadéquation entre sexe biologique et genre est rarement mise en jeu. Peu de transsexuels donc, acteurs ou personnages, sur nos scènes. Avec Regarde maman, je danse, voilà enfin une pièce sur et avec une femme qui s’est extirpée d’un corps d’homme. Vanessa Van Durme est une actrice belge remarquable, à la présence irradiante, forte d’une longue carrière dans le théâtre, comme auteur et comme interprète, notamment auprès d’Alain Platel. À la croisée de son expérience du spectacle et de son parcours intime de changement de sexe, elle a écrit et joue depuis 2006 Regarde maman, je danse. Seule en scène, avec pour compagnons quelques cigarettes, un verre d’eau ou une poupée, elle s’assoit et se relève, pose exaspérée son coude sur la table, main dans la tête, ou bien lève exaltée les mains au ciel. Car en une heure trente de spectacle, c’est une véritable épopée qui nous est livrée : incompréhension, désespoir, dérision, révolte… On imagine aisément la variété, la violence et l’intensité des sentiments qui traversent un esprit seul à savoir qu’il ne loge pas dans le bon corps. Et c’est là que Vanessa van Durme fait preuve d’une intelligence et d’une grâce remarquables : ni atermoiements, ni vengeance, ni compromis dans le récit pourtant compliqué de sa vie. Que du partage, et ça marche. Rire et larmes se confondent à force de se succéder quand Vanessa raconte la tentative d’explication à Maman, son séjour à l’hôpital marocain pour l’ultime opération ou encore son premier amour. Regarde maman, je danse est une pièce simple et radicale, aussi intelligente qu’émouvante.

Vendredi 7 juin 2013 à 20h30 à la salle de spectacle de l’Université Jean Monnet, 10 rue Tréfilerie-Saint-Étienne

Photos © Fred Debrock

 

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