Le Roi et moi : Jean Lacornerie sous influence siamoise

À travers la confrontation et les nombreux points de désaccord des deux protagonistes de la comédie musicale Le Roi et moi se joue une réflexion sur la colonisation et la place des femmes dans la société.

 

Le Roi et moi jean lacornerie heteroclite copyright Jaime Roque de la Cruz (2)Si les adaptations cinématographiques de la comédie musicale Le Roi et moi ont fait la part belle aux comédien·nes bi et homo (avec Yul Brynner dans la version de 1956 et Jodie Foster dans celle de 1999), d’aucuns pourraient penser que le récit des amours ancillaires d’Anna Leonowens et du roi du Siam est un peu trop cousu de fil blanc pour présenter un quelconque intérêt. Ce serait néanmoins se méprendre sur la profondeur que reflète parfois la comédie musicale créée en 1951 par Richard Rodgers et Oscar Hammerstein. Inspiré d’une histoire vraie, Le Roi et moi présente les relations du roi du Siam avec Anna, une veuve britannique engagée à la cour pour élever les nombreux enfants royaux. À travers la confrontation et les nombreux points de désaccord des deux protagonistes se joue une réflexion sur la colonisation et la place des femmes dans la société. Alors qu’Anna estime barbare l’attitude du roi polygame, ce dernier n’a de cesse de rejeter les prétentions de l’Occident colonisateur et se bat pour l’indépendance de son pays. Le sentiment amoureux qui naît alors entre les deux personnages, bien que porté par la musique et la danse, est irrémédiablement voué à l’échec, chacun étant enchaîné par ses propres conventions. Pour sa mise en scène de ce désormais classique qu’est Le Roi et moi, Jean Lacornerie, qui n’en finit plus d’explorer le théâtre musical américain, a choisi de rester fidèle au spectacle original en conservant la chorégraphie de Jerome Robbins mais également les chants en anglais. Dans un décor de paravents orientalisants, les jeunes chanteurs de la Maîtrise de l’Opéra de Lyon commentent l’action, à la manière d’un chœur antique et donnent la réplique à Jacques Verzier (le roi) et à Edwige Bourdy (Anna). Le parti pris mimétique de Lacornerie (sous influence siamoise), parfois un rien jusqu’au-boutiste (fallait-il vraiment que l’acteur principal soit chauve ?) ravira immanquablement les nostalgiques de l’esthétique kitsch des années 50, convoquant le souvenir d’images déjà vues sur grand ou petit écran, donnant ainsi corps à un spectacle certes sucré mais loin d’être niais.

Le Roi et moi, du 16 au 28 décembre au Théâtre de la Croix-Rousse, place Joannès Ambre-Lyon 4 / 04.72.07.49.49 / www.croix-rousse.com

Les mille et unes vies de Yul Brynner, documentaire de Benoit Gautier et Jean-Frédéric Thibault disponible en replay sur le site d’Arte jusqu’au 9 janvier 2021.

Photos : Le Roi et moi © Jaime Roque de la Cruz

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