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Avec “Letzlove”, Pierre Maillet fait revivre la figure de Foucault

Après Little Joe, spectacle composé d’après la trilogie cinématographique de Paul Morrissey Flesh, Trash et Heat, Pierre Maillet propose avec Letzlove – Portrait(s) Foucault un nouveau travail d’adaptation, s’appuyant cette fois-ci sur le livre d’entretiens entre Michel Foucault et Thierry Voeltzel paru en 1978, Vingt ans et après.

Pour sa dernière création, Letzlove – Portrait(s) Foucault, Pierre Maillet adapte des entretiens (publiés en 1978 sous le titre Vingt ans et après), entre le philosophe Michel Foucault, alors au faîte de sa carrière, et Thierry Voeltzel, un jeune homme totalement inconnu du grand public.

Les circonstances de la naissance de ces échanges sont dignes d’une œuvre de fiction. C’est en effet alors qu’il tente de rejoindre ses parents dans leur maison secondaire en août 1975 que Voeltzel est pris en stop par l’auteur de Surveiller et punir. Une conversation s’engage entre les deux hommes, Voeltzel reconnait Foucault et une relation naît peu à peu entre eux. Trois ans plus tard, lorsque paraît Vingt ans et après, le philosophe préfère garder l’anonymat afin de mettre en avant les réponses de son jeune interlocuteur plutôt que d’attirer la lumière sur lui et espère ainsi mettre en avant les aspirations d’une jeunesse qui se sent déjà bien loin de mai 68.

Aujourd’hui, le metteur en scène Pierre Maillet, artiste associé à la Comédie de Saint-Étienne où il a présenté, lors des deux saisons précédentes, son spectacle adapté des films de Paul Morrisey (Little Joe) et La Cuisine d’Elvis de Lee Hall, s’empare de cet objet de réflexion incongru pour le transposer sur scène.

L’homo et les choses

Afin de respecter l’esprit du livre d’entretiens, Maillet propose pour Letzlove – Portrait(s) Foucault un dispositif scénique d’une très grande simplicité : seul en scène, l’acteur Maurin Olles joue la partition de Thierry Voeltzel, alors que Pierre Maillet incarne Michel Foucault, hors-champ, depuis la régie. L’anonymat souhaité par le philosophe est ainsi respecté. Et surtout, la facilité d’exécution de la pièce lui permet d’être jouée hors des théâtres, dans des bibliothèques ou à l’université et de remplir une véritable mission didactique. Car les échanges autour de la sexualité, des drogues, de la famille, du travail ou de la religion qui occupent les deux hommes à la fin des années 1970 trouvent un écho aujourd’hui encore.

Letzlove-Michel Foucault-©Tristan Jeanne Vales

Lorsque, par exemple, le philosophe, déjà bien engagé dans la quarantaine, aborde la question de l’homosexualité avec celui qu’il nomme «le garçon de vingt ans», on s’étonne que les réponses ne nous paraissent pas plus anachroniques. Pour Foucault, la découverte de son homosexualité est un «moment solennel», à la fois «illumination» et «rupture», alors que Voeltzel ne se pose pas la question d’être homo ou hétéro et ne semble pas conférer à sa sexualité de dimension militante ou politique. Comme une preuve supplémentaire de la nécessité de lire Foucault, non seulement dans les années 70 mais encore de nos jours.

 

Letzlove – Portrait(s) Foucault, les 19 et 20 octobre à la Comédie de Saint-Étienne, place Jean Dasté-Saint-Étienne / 04.77.25.14.14 / www.lacomedie.fr

 

Photos : Maurin Olles dans Letzlove – Portrait(s) Foucault de Pierre Maillet © Tristan Jeanne-Valès

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