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PMA : les lesbiennes contre-attaquent

Alors que gouvernement et médias s’acharnent à répéter les erreurs de 2012-2013, les partisanes de la PMA montent au front. 

Pour beaucoup de personnes LGBT, le “débat” sur la procréation médicalement assistée (PMA) qui s’est déroulé ces dernières semaines avait comme un arrière-goût amer de déjà-vu. L’épouvantable séquence du mariage pour tous serait-elle de retour ? 

Les atermoiements de la présidence Macron rappellent en tout cas fortement ceux de la présidence Hollande. Début octobre, on apprenait ainsi que le gouvernement entendait créer une commission parlementaire réunissant députés et sénateurs de différentes sensibilités pour plancher sur le sujet. Soit un énième comité Théodule pour noyer le poisson et repousser encore le moment de légiférer… Et ce malgré les avis (tous positifs) déjà rendus par le Haut Conseil à l’Égalité entre les hommes et les femmes (juin 2015), le Défenseur des Droits (juillet 2015), le Comité consultatif national d’éthique (juin 2017) et septembre 2018), le Conseil d’État (juin 2018)… 

De leur côté, de nombreux médias adoptent sans recul la phraséologie de La Manif Pour Tous (comme l’expression “PMA sans père”) et ne cessent de dérouler le tapis rouge aux opposant·es à la PMA, y compris et surtout aux moins légitimes et aux moins informé·es. Ainsi le festival La Chose publique, organisée par la Villa Gillet et Res Publica, accueillera-t-il ce mois-ci un grand entretien avec Christiane Taubira, précédé d’un débat sur la PMA et la GPA… sans aucune intervenante lesbienne (mais avec une représentante de la jeune garde antiféministe catho, farouche opposante à la PMA et même… à la pilule !). 

 

Reprendre la main 

Pour inverser la tendance, les militantes lesbiennes veulent reprendre la main, en commençant par interpeller les médias sur leurs (mauvaises) pratiques. Ainsi l’Association des journalistes LGBT (AJL) a-t-elle fait part de sa colère après la distribution par le quotidien La Croix, dans son édition du 6 septembre, d’un tract de La Manif Pour Tous. Elle a également pointé du doigt le faible nombre de femmes (et a fortiori de lesbiennes) invitées à s’exprimer sur la PMA. Une sous-représentation également dénoncée, dans une tribune publiée sur le site de la chaîne France Info, par 90 femmes ayant eu recours à une PMA à l’étranger.  

Pour sa part, SOS Homophobie a lancé sur les réseaux sociaux la campagne #BonsParents, accompagnée d’un film de sensibilisation, pour rappeler que les familles homoparentales sont aussi aptes que les autres à élever des enfants dans de bonnes conditions. Alors qu’une demi-douzaine d’agressions homophobes ou lesbophobes ont été signalées en un mois à Paris et à Lyon, l’association souligne également la corrélation, constatée en 2013, entre ces violences et les discours LGBTphobes propagés dans les médias. Il faudra bien au moins cela pour inciter la majorité à tenir sa promesse d’ouvrir la PMA à toutes les femmes. Fin septembre, le gouvernement et certain·es parlementaires macronistes ont redit, quoiqu’avec mille précautions, leur volonté de voir ce dossier enfin aboutir. Mais, après tant de frilosité et d’engagements non-tenus depuis 2012, les militantes lesbiennes savent qu’il est encore bien trop tôt pour crier victoire. 

 

 

 “PMA-GPA : question éthique, réponse politique ?” (de 19h à 20h30), suivi d’un grand entretien avec Christiane Taubira (de 21h à 22h30), vendredi 23 novembre à l’Université Jean Moulin Lyon 3, 6 cours Albert Thomas-Lyon 

http://www.villagillet.net

 

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