“Straight” le mot de mai dans le Dicogay
Tous les mois, Hétéroclite se propose d’éclaircir le jargon homosexuel et des minorités de genre : ce mois-ci, zoom sur straight.
Straight : mot anglais. Droit. Par extension : hétérosexuel, normal, hétéronormatif…

Négativement, on pourrait définir l’adjectif
straight comme désignant le contraire de
queer, que nous avons déjà traduit ensemble par
«bizarre
». Cela veut donc dire pas bizarre, soit commun, droit, orthodoxe. Ce dernier mot est sûrement le plus juste car c’est une attitude de l’esprit, une façon de penser droitement, voire avec rigidité. Est
straight tout ce qui n’est pas anormal, tout ce qui accepte et reproduit les normes, en particulier celles dictées par l’homme blanc hétérosexuel. Un banquier marié élevant deux enfants dans un pavillon de banlieue, qui n’a même pas un bout de vie cachée, est
straight. Une lesbienne qui multiplie les partenaires, qui refuse de jouer le rôle de femme qu’on lui demande de jouer, ne l’est pas. Plus complexe, une femme peut surjouer ce rôle de femme et par conséquent, ne pas être
straight ; c’est par exemple le cas de
Wendy Delorme, performeuse
drag king et auteure de
Quatrième génération.
La Pensée straight, c’est aussi et surtout le titre d’une conférence de l’essentielle penseuse lesbienne féministe Monique Wittig, à qui l’on doit la fameuse formule
«Les lesbiennes ne sont pas des femmes». Affirmer ainsi que les femmes ne sont pas définies comme telles par leurs organes génitaux mais pas les rapports sociaux est un exemple de ce que n’est pas ce type de pensée, qui est en général essentialiste. Les femmes sont ceci, les femmes sont cela… Cette pensée réduit l’espace de liberté de ceux qu’elle désigne et bien sûr de ceux qu’elle traverse.
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