“Le Roi de l’évasion” d’Alain Guiraudie, à voir durant Écrans Mixtes

Intelligent, pertinent, magnifiquement composé, filmé, dialogué et interprété, Le Roi de l’évasion, film d’Alain Guiraudie sorti en 2009, séduit et étonne de toutes les manières possibles. Un vrai bonheur, à voir ou à revoir durant une soirée spéciale que l’Institut Lumière consacre au cinéaste dans le cadre de la sixième édition du festival Écrans Mixtes.

Ah tiens, ils ne sont pas tous jeunes, beaux, urbains et bodybuildés, les pédés heureux (ou pas) ? À regarder ce qui se passe en général sur les écrans, on pourrait le croire. Et puis voilà qu’arrive Guiraudie avec son cinéma venu d’ailleurs (de quelque part du côté d’Albi ou de Carcassonne) qui nous rappelle (et nous montre ! c’est ça le ciné !) qu’un quadra enrobé vivant à la campagne aussi a des désirs, des amants, du plaisir… des doutes aussi. Et pas que lui. Des mecs plus âgés, des dégarnis, des moches, quelques sexys aussi. On le savait d’expérience, mais waouh, ça fait du bien de le voir à chaque plan de cette comédie épatante qu’est Le Roi de l’évasion.

Alain Guiraudie donc, cinéaste régionaliste mais pas que, politique aussi, un peu fou sûrement et gay bien sûr, qui construit depuis quelques années une des œuvres les plus originales et attachantes qui soit, entre westerns du sud-ouest (Pas de repos pour les braves) et fables ouvriéro-homosexuées (Ce vieux rêve qui bouge).

Imagination débordante (il invente des mots, des machines, des pays, des tribus, des plantes qui font bander…), générosité et humanisme tout aussi triomphants : son univers n’appartient qu’à lui, tout comme ses personnages qui ne pourraient venir d’aucun autre film. Comme cet Armand qui est, par sa faculté à s’échapper de toutes les situations délicates, Le Roi de l’évasion de son dernier film, un curieux road movie-faux western-course poursuite burlesque-fantaisie sentimentale-drame existentiel… autant dire inclassable.

le roi de l'évasion alain guiraudie ludovic berthillot et hafsia herzi

 

Extrême liberté

Un Armand homo gentiment bedonnant et vendeur de tracteurs qui traverse tout d’un coup la crise de la quarantaine (avec remise en cause de son mode de vie, voire de son homosexualité) et qui va tenter de la surmonter avec l’aide d’une adolescente tombée raide dingue de lui…

Ça n’ira pas sans rebondissements cocasses ni sans détours savoureux (les cérémonies masculines dans un sous-bois pour récolter l’herbe miraculeuse) et surtout ça n’évitera mine de rien aucune des graves interrogations qui nous traversent tous, coups d’un soir ou amour toujours en tête…

Intelligent en diable, pertinent avec légèreté sur le vécu homosexuel, magnifiquement composé, filmé, dialogué et interprété, extrêmement libre dans sa façon de représenter les corps et la sexualité (car il y a de la drague en plein air, ici, de la baise en sous-bois, des mots sans ambages et des images itou), Le Roi de l’évasion séduit et étonne de toutes les manières possibles. Un vrai bonheur.

 

Le Roi de l’évasion, vendredi 4 mars 2016 à 19h à l’Institut Lumière, 25 rue du Premier Film-Lyon 8 / www.institut-lumiere.org
20 invitations à gagner en envoyant vos nom et prénom à redaction@heteroclite.org (objet : Alain Guiraudie / Le Roi de l’évasion)

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