Dansent sur un volcan

La Maison de la Danse et Le Toboggan accueillent pour la deuxième fois Caterina Sagna Sagna. P.O.M.P.E.I. est une pièce magnifique, qui croise les voix, les genres et les références pour dire le rapport à la mère, aux origines.

Pompei (© Laurent Philippe)

Trois magnifiques versions du Stabat Mater traversent la nouvelle pièce de Caterina Sagna. Car le titre P.O.M.P.E.I ne fait pas ici seulement référence à la ville romaine figée par l’éruption du Vésuve ; c’est aussi un acronyme pour «Presque Oubliées Mais Peut-Être Immortelles». C’est une histoire de matrice, d’origine et de ventres que nous propose l’artiste italienne, faisant résonner la souffrance de marie devant la crucifixion de Jésus-Christ, l’accouchement de nouvelles formes chorégraphiques et des récits mythiques comme celui de Moby Dick. Le roman de Melville inspire un monologue sublime, dit en vidéo par Viviane De Muynck ; l’extraordinaire actrice propose une figure inquiétante de femme ogresse et mère de tout, s’exclamant : «Tout ce qu’on me présente, je le bouffe […] Mais je ne suis pas Moby Dick, moi j’explose». Son image est projetée aux côtés de celles d’une enfant et d’une adulte ; les visages de ces trois femmes fantômes observent la comédie des hommes, leurs enfants, qui s’agitent sur la scène. Les trois danseurs, déjà présents dans la dernière pièce de Sagna (Basso Ostinato), sont remarquables. D’abord ravis de la crèche, ils sont tour à tour danseurs ou, comme ils disent «artistes chorégraphiques professionnels» et personnages égarés, en mouvement perpétuel, mais piégés. «Ce n’est pas en bougeant qu’on se sauve», dit l’un d’eux. La scénographie est aussi simple qu’efficace et belle : un grand drap blanc figure tantôt une toile d’araignée dans laquelle les hommes-mouches sont coincés, la matrice dont ils sont expulsés et dans laquelle ils essaient de retourner, un cordon ombilical impossible à couper, une camisole organique ou bien encore une chrysalide. Caterina Sagna, au même titre que d’autres artistes contemporains de la scène italienne comme Romeo Castellucci ou Virgilio Sieni, excelle quand elle déploie et fait s’entrechoquer des grands récits, des images du passé et des paroles d’aujourd’hui. P.O.M.P.E.I. est une pièce à la fois esthétique, trouble et exigeante, qui demande au spectateur de lâcher prise et de se laisser traverser par un flot d’histoires collectives et de souvenirs personnels. Une expérience forte comme on aimerait en éprouver plus souvent dans les salles de spectacles.

P.O.M.P.E.I. , les 9 et 10 février au Toboggan, 14 avenue Jean Macé-Décines
www.letoboggan.com / 04.72.93.30.07
www.maisondeladanse.com / 04.78.18.00.00

Crédit photo : Laurent Philippe

 

 

Scènes de février

Richard III 
De William Shakespeare, mise en scène David Fauchard«Richard est né avec un corps difforme et une âme noire. Il veut devenir roi d’Angleterre. Pour accéder au trône, il se joue des uns et des autres, assassine ses rivaux, frère, femme, neveux […] Trois hommes pour un personnage : un comédien, un slameur et un guitariste pour mettre à jour les forfaits du terrible Richard, avide de pouvoir».
Jusqu’au 6 février, Théâtre de la Renaissance, 7 rue Orsel-Oullins / 04.72.39.74.91

Nous étions jeunes alors
Écriture et mise en scène Frédéric Sonntag«Nous étions jeunes alors raconte la fuite, hors de la métropole, de trois jeunes gens, dans un monde où la réalité n’en finit pas de rattraper la fiction». Frédéric Sonntag
Jusqu’au 6 février, Théâtre Les Ateliers, 5 rue du Petit David-Lyon 2 / 04.78.37.46.30

One of a kind
Chorégraphie Jirí Kilián«Un hymne à la liberté de Jirí Kylián, un maître de la danse néoclassique. Pas de deux étincelants, classicisme et modernité, poésie… Tout Kylián est dans One of a kind».
Du 9 au 13 février, Opéra national de Lyon, place de la Comédie-Lyon 1 / 08.26.30.53.25 (0, 15 €/min)

Trois formes élastiques
Gérard Torres / Laurent Grappe et Gilles Laval (guitare) / Lionel Marchetti et Yokô Higashi (danse Butô)Des synthés, un theremine, des enceintes utilisées comme des marionnettes sonores, du butô : à voir et entendre à l’occasion de trois concerts performances à l’intersection du spectacle vivant et des musiques électroniques.
Le 12 février, Théâtre de Vénissieux, Maison du Peuple, 8 boulevard Laurent-Gérin-Vénissieux

Poster un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.