Didier Lestrade : «le coming-out est plus important»

Didier Lestrade, fondateur d’Act Up-Paris et des revues Magazine, Têtu et minorites.org, critique le mot d’ordre national choisi par toutes les Marches des Fiertés LGBT cette année : “Pour l’égalité : en 2011, je marche, je 2012 je vote !“.

Que reprochez-vous au mot d’ordre national de cette année ?

Didier Lestrade : Je ne suis pas opposé à l’idée que la Gay Pride incite les gens à voter. J’ai fait partie d’Act-Up, donc je sais très bien l’importance du vote. Mais on a l’impression que c’est toujours le même groupe politique, à savoir le Parti Socialiste (PS), qui appelle à voter pour les prochaines élections. On essaye de nous faire croire qu’en votant socialiste, les problèmes des gays seront résolus, mais je ne suis pas du tout sûr que ce sera le cas.

Ne pensez-vous pas que des revendications telles que l’ouverture au mariage ou à l’adoption seraient susceptibles d’aboutir en cas d’alternance l’an prochain ?

Didier Lestrade : Si, mais je ne crois pas que le PS, en lui-même, ait fait le travail nécessaire. Pas un seul député socialiste n’a fait son coming-out ! Ils se sont contentés d’un Delanoë, après quoi ils ont considéré que le problème était réglé. Or, la Gay Pride, ce n’est pas seulement une revendication d’ouverture au mariage et à l’adoption : le coming-out est encore plus important et plus symbolique, à la rigueur.

Mais si certains élus se refusent à sortir du placard, n’est-ce pas pour protéger leur vie privée ?

Didier Lestrade : Cet argument, c’est de la merde totale, et vous pouvez me citer là-dessus ! À travers le monde, le coming-out reste l’arme la plus importante en terme de militantisme gay. Point. Ce n’est pas le mariage ou l’adoption.

Sur quoi auriez-vous aimé axer le mot d’ordre cette année ?

Didier Lestrade : Je vous l’ai dit : le coming-out ! En couverture du premier numéro de Têtu, on voyait un mec crier «sortez du placard !». Mais depuis, on a délaissé ce sujet et on préfère parler d’homophobie, de mariage, d’adoption, d’homoparentalité, etc. Cela évite de confronter la classe politique française au retard qu’elle a pris par rapport aux autres pays.

 

Photo © Sébastien Dolidon

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