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Avec “Une société de violeurs ?”, Marcela Iacub prend le féminisme à rebours

Avec Une société de violeurs ?, la juriste Marcela Iacub livre la charge contre les discours féministes qui ont accompagné «l’affaire DSK».

La lecture de Marcela Iacub est toujours stimulante et rafraîchissante, tant la juriste, auteur de plusieurs livres sur le droit de la sexualité et la libération sexuelle, sait prendre son lecteur à rebours, en maniant le paradoxe et en soumettant l’idée a priori la plus certaine à une critique radicale. Une société de violeurs ?, son dernier livre, n’échappe pas à la règle : l’essai est une charge contre les discours féministes qui ont accompagné «l’affaire DSK», discours dont Hétéroclite avait donné un aperçu à l’automne à propos du livre dirigé par Christine Delphy, Un troussage de domestique.

 

 

Un “féminisme majoritaire” moralisateur et répressif

Marcela Iacub une société de violeurs ?Les reproches de Marcela Iacub envers le «féminisme majoritaire» sont violents. Devenu moralisateur et répressif, il aurait réussi, par une «curieuse opération politique», à transformer les accusations envers Dominique Strauss-Kahn en un procès de l’impunité du viol en France. Dans cette interprétation de l’affaire, DSK est ainsi devenu «un bouc émissaire d’une noble cause» et le viol est présenté comme une expression de la domination masculine. Si l’on suit Marcela Iacub, cette théorie de la domination sexiste, poussée à l’extrême, est dangereuse : elle a pour implicite un inquiétant «nouveau droit du viol». En donnant a priori raison à toute personne qui accuse d’un viol, elle est une grave remise en cause de la présomption d’innocence. C’est là une «machine à produire des erreurs judiciaires», selon laquelle tous les hommes seraient des violeurs en puissance.

Marcela Iacub conteste également à la théorie de la «sidération psychologique» selon laquelle un viol pourrait avoir lieu sans violence physique. Accepter cette idée serait une négation de l’ordre sexuel hérité des années 1970, dans lequel la notion de consentement est centrale (tout acte sexuel est permis tant que ceux qui s’y livrent sont consentants) et «pourrait donner lieu à une multiplication des interdictions générales des rapports sexuels entre des adultes fondées sur la notion de consentement dominé».

Qu’on ne se méprenne pas : en s’en prenant à un féministe «qui restreint nos libertés», le livre de Marcela Iacub est loin d’être un pamphlet antiféministe. Il croit au contraire possible l’existence «d’organisations féministes alternatives dont le nom, tel un remords, pourraient être «putes et insoumises»».

 

Une société de violeurs ? de Marcela Iacub (éditions Fayard)

 

Photo Marcela Iacub © Crocus / Opale / Éditions Fayard

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