olivier normand Armelle Dousset recital credit Bertrand Gaudillere collectif item

Olivier Normand, artiste protéiforme et toujours en tension

Artiste protéiforme, désireux de vivre mille vies, Olivier Normand a fait de son incapacité à choisir la matière première de son travail chorégraphique. Ainsi, sa pratique du chant lyrique ou sa culture littéraire viennent sans cesse alimenter sa danse.

Malgré son physique de danseur classique que l’on imagine aisément modelé par des années de rigueur et d’effort, Olivier Normand est arrivé tard à la danse. À le croire, c’est du choix que naît la difficulté. Celui qui évoque le désengagement rimbaldien comme ligne de vie semble en effet avoir constamment été tiraillé entre les voies/voix à choisir au cours de sa formation. Hésitant entre la poursuite de ses études et la danse, il a consacré sa recherche universitaire au solo et au saut avant de se consacrer pleinement à la pratique artistique. Formé au chant lyrique depuis son plus jeune âge, il est incité par ses professeurs à choisir entre sa voix de contre-ténor et sa voix de baryton, ce qu’il refuse de faire.

Cette tension, qui semble servir de moteur à Olivier Normand, se retrouve ainsi au cœur du spectacle Récital, créé avec Armelle Dousset pour le week-end “Ça cloche” aux Subsistances.

Du skateboard comme discipline artistique

Après avoir suivi à Montpellier la formation ex.er.ce de Mathilde Monnier (dont trois pièces seront jouées les 19 et 21 mars au Toboggan à Décines), Olivier Normand commence à travailler de petites formes chorégraphiques en solo, expérimentant alors l’absence de partenaire sur laquelle il s’était penché pendant la rédaction de son mémoire de maîtrise. Dans le cadre du Festival d’Uzès, il propose un spectacle autour du skateboard, dont la représentation se déroule dans le skate park de la ville, au milieu des skateurs. Il s’agit alors d’éprouver une pratique physique, tout en revisitant la charge érotique qu’elle véhicule.

Il participe par la suite au programme Transforme qui lui permet de faire la connaissance de Mylène Benoit avec qui il réalise ICI, pièce pour quatre danseurs. Néanmoins, il revient au solo à la demande de Mathilde Monnier avec un spectacle qui bénéficie d’une carte blanche au Festival d’Automne : L’Artificier. On trouve dans cette création l’exploration du chant et de la danse à nouveau à l’œuvre dans Récital.

À la croisée des genres et des registres

C’est chez Alain Buffard qu’Armelle Dousset et Olivier Normand se rencontrent. Lui pratique le chant lyrique et elle joue de l’accordéon. De cette association inattendue naît le désir de créer un spectacle en commun, un duo, qui aborde à la fois la question du genre et celle du registre. Mêlant culture institutionnelle et culture populaire, chant lyrique et accordéon, voix de baryton et voix de contre-ténor, Normand et Dousset cherche à aborder le féminin, non pas par l’accumulation de signes propres au travestissement, mais de manière interne. Le procédé scénique participe également à une certaine mise en tension : les interprètes sont éclairés à contre-jour, donnant ainsi l’impression au public d’assister à un récital depuis la coulisse. La représentation devient alors fiction de représentation pour un public imaginaire, poussant ainsi le spectateur à s’interroger sur le pouvoir mystificateur de la création.

 

Récital, du 28 au 31 mars aux Subsistances, 8 bis quai Saint-Vincent – Lyon 1 / 04.78.39.10.02 / www.les-subs.com

 

Photos © Bertrand Gaudillère / Collectif Item

 

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