Miss Knife chante Olivier Py… sans fard

Avec Miss Knife chante Olivier Py, le metteur en scène redonne vie à la tradition du tour de chant et met en perspective son statut d’homme public à grand renfort de plumes et de paillettes.

Quelques mois après le dernier festival d’Avignon, dont il est désormais directeur, Olivier Py reprend la tournée de son spectacle Miss Knife chante Olivier Py à la Comédie de Valence. Cette figure devenue incontournable du théâtre français, à la fois acteur, metteur en scène et écrivain, prend, le temps d’un spectacle, un peu de distance avec le timide homme public à la voix fluette, interrogeant par là-même le statut qu’il a acquis sur les scènes hexagonales. Plus qu’Olivier Py, c’est bien Miss Knife la véritable vedette de ce show. Tout droit sortie d’une époque sans âge, convoquant à la fois les fantômes du Berlin des années 30 et du Paris de la Libération, Miss Knife est un concentré de ces figures féminines qui ont fait les grandes heures du cabaret et des tours de chant.

Miss Knife chante Olivier Py, © Éric Deniset

Malgré l’avalanche de plumes et la hauteur vertigineuse des talons aiguilles, Miss Knife ne tombe pas dans le grotesque. Derrière le déluge de mascara se loge une fragilité, une fêlure, que les textes des chansons écrites par Olivier Py viennent mettre à jour. Rien de bien nouveau dans les thèmes abordés : Miss Knife chante l’amour et la difficulté d’être soi, accompagnée de trois musiciens sur scène.

Mise à nu

Mais sous les paillettes des robes, quelle mise à nu pour Olivier Py. L’homme de théâtre laisse entrevoir, à travers des textes au charme désuet, ses propres faiblesses, ses propres espoirs et installe une amicale connivence avec le public. Il n’y a plus alors de directeur du festival d’Avignon, d’auteur de théâtre contemporain ou de metteur en scène prestigieux, tous ces titres pompeux et intimidants. Au moment où il se grime le plus, Py semble abandonner ses habituels costumes, dans une relative simplicité accentuée par la mise en scène épurée. Le travestissement devient le lieu de libération qui permet à l’être de se révéler pleinement, l’espace de liberté nécessaire pour dire l’indicible, la faille, la peur.

Sous les oripeaux d’une féminité fantasmée, Olivier Py renvoie chacun à son monde intérieur. L’ambiguïté du titre du spectacle prend alors tout son sens : où est le vrai ? Où est le faux ? Qui est le véritable personnage du spectacle ? L’homme public ou la diva surannée ?

 

 

Miss Knife chante Olivier Py
Samedi 6 décembre au Théâtre du Parc, 1 avenue du Parc-Andrézieux-Bouthéon / 04.77.36.26.00 / www.theatreduparc.com
Vendredi 30 janvier à La Mouche, 8 rue des Écoles-Saint-Genis-Laval / 04.78.86.82.28 / www.la-mouche.fr

 

Photo de Une © Alain Fonteray
Photo 2 © Éric Deniset

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