Les intersexes dans la littérature

Jeffrey-Eugenides-Middlesex-intersexes-HeterocliteInvisibles, les intersexes ? Pas forcément pour la littérature, qui s’est plus d’une fois intéressée à eux. L’un des textes les plus connus sur ce sujet est le témoignage d’Herculine Barbin (1838-1868), qui fut considérée à sa naissance comme une fille et élevée comme telle, jusqu’à ce qu’un médecin ne l’examine à l’âge adulte et découvre qu’elle était dotée à la fois d’un petit vagin et d’un très petit pénis ainsi que de testicules internes. Elle devint alors un homme pour l’état civil, changea de prénom et eut le temps d’écrire ses Mémoires avant de se suicider au gaz à trente ans seulement. Plus d’un siècle plus tard, ses écrits furent découverts par le philosophe Michel Foucault, qui décida de les republier en 1978, assortis de commentaires. L’édition de Foucault devint très vite un classique des théories queers et des études sur le genre naissantes, au point d’inspirer par exemple Judith Butler, qui s’y réfère dans Trouble dans le genre (1990). Elle a aussi influencé des romanciers, comme l’écrivain américain Jeffrey Eugenides (connu notamment pour avoir publié en 1993 The Virgin Suicides, adapté en 1999 au cinéma par Sofia Coppola), qui, après l’avoir lue, écrivit son best-seller Middlesex (2002) : la saga familiale d’un hermaphrodite vivant à Detroit, descendant d’immigrés grecs, qui doit accepter sa propre identité de genre.

Mes souvenirs. Histoire d’Alexina/Abel B. d’Herculine Barbin (éditions La Cause des livres)

Middlesex de Jeffrey Eugenides (éditions de l’Olivier)

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