
“Tom à la ferme” de Xavier Dolan, mercredi 30 novembre sur Arte
Après la réussite du mélodrame Laurence Anyways, sorti en 2012, Xavier Dolan s’essaye avec Tom à la ferme à un autre genre : le thriller. Avec succès là encore.
Tom à la ferme emmène le spectateur dans la campagne québécoise, où s’entremêlent deuil et secrets de famille. Tom (Xavier Dolan), jeune publicitaire de 25 ans, quitte Montréal pour la maison retirée de son défunt compagnon Guillaume, récemment décédé à la suite d’un accident. Dès les premières scènes, on est surpris par le vide ambiant : ferme déserte et orage menaçant créent une atmosphère pesante reflétant l’anxiété de Tom. Sa tignasse blonde délavée et son look défraîchi lui donnent immédiatement un air maladroit, perdu, anéanti. Francis, le frère de Guillaume, apparaît au contraire comme un personnage viril et imposant. Homophobe mais aussi homosexuel refoulé, il va exercer une véritable tyrannie sur Tom, obligé dès lors de cacher son homosexualité à Agathe, la mère de son amant défunt, témoin aveugle des agressions faites à Tom.
Dolan endosse un rôle de victime peu à peu dépendante de son bourreau, dans une atmosphère lugubre où règnent solitude et violence, autant verbale que physique. L’étrange séjour de Tom dans une ferme coupée du monde, son immersion soudaine dans une famille endeuillée au fils psychopathe, rapproche le film du genre horrifique, non sans rappeler l’influence d’Hitchcock (Psychose). Dans ce tableau dolanien, on se serait passés de l’apparition de Sarah, qui dit être l’ex-petite amie de Guillaume : le personnage est un peu creux et nous éloigne de la relation duale bourreau – victime entre Francis et Tom. On peut critiquer également le narcissisme évident de Dolan (réalisateur, producteur, acteur et même costumier du film), les plans sur lui étant clairement dominants. Mais malgré quelques longueurs, il parvient à maintenir l’angoisse chez le spectateur et à le tenir en haleine tout au long du film. Âmes sensibles, s’abstenir.
Tom à la ferme, mercredi 30 novembre 2016 à 22h45 sur Arte
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