brothers of the night

Avec les tapins roms de Vienne dans “Brothers Of The Night” de Patric Chiha

Le documentaire Brothers Of The Night suit les errances nocturnes de jeunes prostitués Roms à Vienne.

Ils s’appellent Stefan, Yonko, Nikolaï ou Vassili. Ils ont tout juste la vingtaine, ils sont Roms et ont quitté la Bulgarie en espérant trouver à  Vienne la Terre promise, ou du moins un travail et de l’argent facile. On avait remarqué le réalisateur autrichien Patric Chiha (qui sera l’invité en mars de la septième édition du festival Écrans Mixtes) grâce à son précédent long-métrage, la comédie Boys like us (2014). Il s’intéresse dans Brothers Of The Night à ces escort-boys qui vendent leurs services dans les bars gays de l’ancienne capitale des Habsbourg, comme le Café Rüdiger.

Sans le moindre commentaire mais sans aucun naturalisme non plus, sans chercher à expliquer mais uniquement à saisir sur le vif, il brouille les repères entre la réalité et la fiction, entre ce qu’on devine scénarisé et ce qui ne l’est pas. Ni complaisant ni racoleur, il suit les errances nocturnes de ses personnages, recueille leurs récits et leurs rêves dans un mélange expressionniste de couleurs chaudes et froides très esthétisé : on pense souvent aux fantasmes de celluloïd de Kenneth Anger ou au travail du directeur de la photographie Xaver Schwarzenberger – un autre Autrichien – sur Querelle de Fassbinder, surtout lorsque Chiha filme ses héros au bord du Danube, affublés de marinières et de bonnets à pompons…

Gay for pay

Comme le titre du film l’indique, il met aussi en évidence la fraternité (parfois teintée d’homo-érotisme) qui permet à ces exilés de tenir le coup, loin de leurs familles : en Bulgarie, la plupart d’entre eux ont déjà une épouse et des enfants qui les attendent et qui reçoivent de temps en temps un peu d’argent, dans une semi-connaissance de leur activité. En Autriche, où la prostitution est légale et régulée et où les bordels ont pignon sur rue, la plupart des travailleuses et travailleurs du sexe sont des migrant-e-s, originaires le plus souvent des pays de l’ancien bloc communiste, comme les jeunes héros de Brothers Of The Night.

À la fois prostitués et clients de prostituées, ces derniers refusent d’être assimilés à leurs michetons («les pédés», comme ils les appellent), quitte à sur-jouer quelques fois leur hétérosexualité lorsqu’ils fanfaronnent sur leurs tarifs et sur les prestations qu’ils acceptent ou refusent. Autour d’un billard et d’une bière, une clope aux lèvres, ils se tiennent chaud les uns aux autres et se (la) racontent devant une caméra qui les filme sans voyeurisme mais avec une très grande humanité et jette un peu de la lumière bleutée et artificielle des néons sur ces vies de déclassés en quête d’un avenir meilleur.

 

Brothers Of The Night
Sortie nationale mercredi 8 février
Projection samedi 11 mars à 22h15 au CNP Terreaux, 40 rue du Président Édouard Herriot-Lyon 1 / 04.78.98.74.52 / www.festival-em.org

 

Invitations à gagner

Pour remporter une invitation pour Brothers Of The Night, en salles mercredi 8 février (invitation à venir retirer aux bureaux d’Hétéroclite, 16 rue du Garet-Lyon 1), répondez aux quatre questions suivantes par mail à l’adresse redaction@heteroclite.org (objet : Brothers Of The Night)
– Dans quelle capitale européenne se sont installés les prostitués Roms de Brothers Of The Night ?
– De quel pays proviennent les prostitués Roms que suit Patric Chiha dans Brothers Of The Night ?
– Dans quel film Patric Chiha suivait un trio gay parisien égaré dans les montagnes autrichiennes ?
– En quelle figure culte du film Querelle de Fassbinder se déguisent les prostitués Roms de Brothers Of The Night

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