le krump- éloge du puissant royaume

Le krump arrive sur la scène du festival “Sens dessus dessous”

Avec le festival Sens dessus dessous, la Maison de la Danse fait la part belle à la dimension politique de la danse et fait monter sur scène le krump, danse de rue californienne qui transcende la violence du ghetto.

À l’occasion de la cinquième édition du festival Sens dessus dessous, la Maison de la Danse accueille six compagnies d’Europe et d’Afrique qui cherchent chacune à mettre en mouvement les conflits géopolitiques et les réalités sociales qui impriment les corps. On pourra ainsi voir sur le plateau le circassien touche-à-tout Yoann Bourgeois, mais aussi la chorégraphe grecque Patricia Apergi. Son spectacle Cemetery s’intéresse à la place de l’humain dans l’environnement urbain en partant de l’exemple athénien. Serge Aimé Coulibaly présentera quant à lui sa nouvelle création en première mondiale : Kalakuta Republik est un hommage à l’artiste et homme politique nigérian Fela Kuti. Enfin, avec Éloge du puissant royaume, le chorégraphe franco-algérien Heddy Maalem permettra au public lyonnais de découvrir une danse de rue californienne rare sur scène : le krump.

Les fous du roi

En 1992, tandis que des émeutes raciales embrasent Los Angeles, Thomas Johnson crée le personnage de Tommy the Clown. Son but est d’animer les fêtes d’anniversaire des enfants des quartiers défavorisés de la mégalopole californienne. Il invente alors le clown dancing, une danse qui connait un grand succès et qui se trouve très vite reprise et imitée par les enfants. De la transformation progressive du clown dancing naît le krump, acronyme de «Kingdom Radically Uplifted Mighty Praise», que l’on peut traduire en français par «éloge du puissant royaume». Issue d’un contexte social violent, entre guerre des gangs et injustice sociale et raciale, cette danse se caractérise par son aspect brutal et agressif. Il s’agit néanmoins d’une danse non-violente : les mouvements, qui peuvent rappeler ceux de combats ou d’altercations, participent à la catharsis de la colère et de la rage des interprètes.

La danse comme exutoire

Le krump se révèle alors, lors de battles, un moyen de canaliser la violence qui sévit au cœur des rues pauvres de Los Angeles, offrant un exutoire à une jeunesse noire livrée à elle-même. C’est cette brutalité et le pouvoir de transcendance de la danse que donne à voir Heddy Maalem avec son spectacle. Le chorégraphe a fait appel à cinq jeunes krumpers, qui doivent composer à la fois avec l’écriture chorégraphique de la représentation et avec la spontanéité et l’improvisation propres à la danse de rue. Il s’agit alors non seulement de conserver une trace de ce genre, par nature intangible et éphémère, mais aussi de renouveler l’art chorégraphique grâce à des apports nouveaux. À l’heure où les tensions raciales sont ravivées, tant en France qu’aux États-Unis, il est bon de se souvenir de la dimension politique de la danse et de son implication dans l’histoire des luttes sociales.

 

Éloge du puissant royaume, les 14 et 15 mars à la Maison de la Danse, 8 avenue Jean Mermoz-Lyon 8 / 04.72.78.18.00 / www.maisondeladanse.com
Festival Sens dessus dessous, du 5 au 18 mars

 

Photos © Patrick Fabre

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