Mario Dans les filets de l'homophobie juillet 2018 Hétéroclite ok

“Mario” de Marcel Gisler : dans les filets de l’homophobie

Aucun doute, cet été aura pour symbole le ballon rond, l’occasion de dénoncer plus que jamais l’homophobie dans le football. C’est ce que fait le film Mario, un long-métrage suisse qui sera en salles dès le 1er août, soit quelques jours avant la dixième édition des Gay Games à Paris (4-12 août).

Mario (Max Hubacher) est un jeune attaquant dans une équipe de seconde division, en Suisse. Poussé par son père, lui-même entraîneur, et par son agent, Mario aspire à intégrer une équipe de première division. Un projet qui semble menacé lorsqu’un nouvel attaquant, Leon (Aaron Altaras), rejoint son équipe. Progressivement, les deux jeunes hommes vont se rapprocher, mais Mario veut rester prudent. Pour lui, être en couple avec un garçon et aspirer à devenir joueur professionnel, ce n’est pas possible et très vite, ses autres coéquipiers le renforcent dans cette conviction. Alors que Mario et Leon tentent de faire leurs preuves sur le terrain pour espérer être sélectionnés, ils se font convoquer, avec leurs agents, pour faire la lumière sur des rumeurs de vestiaire.

Un représentant du club affirme que «personne n’a un problème personnel avec le sujet» mais qu’il s’inquiète pour les sponsors, les fans, «l’image du club à l’extérieur». Craignant que cela puisse menacer leur carrière, Mario nie les faits et demande à Leon de faire de même. Il leur est recommandé de faire profil bas, on leur propose des solutions pour dissiper cette rumeur. C’est l’agent de Mario qui décrira de la manière la plus directe cette homophobie latente : «il y a des trucs qui sont tabous : la drogue, le sexe avec mineurs, les trucs homos, ça ne se fait pas en tant que joueur».

Tentatives de censure cannoises

Avec ce long-métrage, Marcel Gisler pose la question du coming-out dans le milieu du football, où l’homosexualité semble être un tabou encore trop présent pour que des footballeurs puissent s’affirmer en tant que gays. Comme expliqué dans le film, les joueurs doivent encore choisir entre cacher qui ils sont ou risquer de baisser en “valeur” sur le marché du football. Alors, afin de s’assurer de bons contrats, ces joueurs nient, se trouvent des partenaires-postiches pour faire bonne figure et se conformer à cet idéal de “virilité”. Mario décrit avec précision ce status quo insupportable, qui dessert ces jeunes talents et témoigne d’une homophobie flagrante dans l’univers du football.

Ce film est d’autant plus important à découvrir qu’il a été déprogrammé de la section Écrans Juniors du festival de Cannes. Des professeurs cannois se sont en effet plaints de deux scènes d’amour entre hommes (pourtant très pudiques) qu’ils ne jugeaient «pas adaptées à des scolaires». SOS Homophobie et d’autres associations ont tenté d’interpeller le gouvernement et les organisateur·trice·s du festival, rappelant que le film n’était pas interdit aux moins de 18 ans par le CNC. Le film a finalement été projeté lors d’une séance spéciale en présence de son réalisateur… et en face d’une centaine de lycéens.  

 

Mario de Marcel Gisler avec Max Hubacher, Aaron Altaras, Jessy Moravec…

Mario de Marcel Gisler est disponible en VOD sur la page Vimeo d’Épicentre Films.

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