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Dominique Choisy : “Être queer, c’est proposer quelque chose qui n’est pas banalisé”
Dominique Choisy signe avec Ma vie avec James Dean, son troisième long-métrage, une fantaisie queer au charme persistant. L’histoire d’un jeune et joli réalisateur qui s’en va présenter son nouveau film au Tréport. Sauf que rien ne va se passer comme prévu : personne n’est là pour l’accueillir, la projection n’est pas annoncée, et l’amour d’un projectionniste va le prendre au dépourvu alors qu’il sort d’une douloureuse histoire… Ce ne sont que quelques-unes des pistes de cette délicieuse comédie douce amère, où tous les désirs se tricotent au fil d’irrésistibles choisés-croisés…
Je crois que le point de départ du drôle de titre de votre film, c’est une histoire que vous a racontée Johnny Rasse, l’acteur principal de Ma vie avec James Dean : qu’adolescent, il était surnommé le James Dean du Tréport. Mais vous, quel est votre rapport à James Dean ? Qu’est-ce qu’il vous inspire ?
Ce n’est pas la façon dont James Dean joue qui m’intéresse, je n’ai pas demandé à Johnny Rasse une transposition de sa façon d’être ou de jouer. J’aime l’ambiguïté de James Dean. Il porte ça dans son corps. Il est toujours en train de vaciller, il ne semble jamais en équilibre, il tombe et ne s’effondre jamais là où on l’attendrait. Ces effondrements, pour moi, n’appartiennent pas au masculin. Comme on disait jadis, James Dean a des vapeurs… J’adore l’utilisation qui est faite de son corps dans les films. C’est rare au cinéma de proposer un corps aussi viril que le sien et d’en faire un corps aussi dévirilisé, aussi fragile. C’est ce qui parle depuis toujours aux midinettes qui ont toutes eu son poster dans leur chambre, et les homos sont les reines des midinettes !
On sait que James Dean avait une sexualité assez fluide, comme on dirait aujourd’hui… Votre film joue aussi beaucoup sur ces désirs de tous ordres (gay, lesbien, hétéro…) qui ne cessent de se croiser…
J’aime ces circulations improbables du désir, ces circulations hors normes, incongrues, du domaine du sexuel, mais pas forcément sexuées. Tout le monde peut atterrir là-dedans, s’y retrouver. Ce serait quelque chose comme une grande partouze du désir potentiel ! Cela m’ennuie quand on essaie de le typer, ce désir, de le genrer. C’est ce que le film essaie un peu de proposer.
Cela en fait un film assez queer…
C’est tellement binaire ce qu’on nous raconte en général, alors que tout est complexe. Être queer, c’est proposer quelque chose qui n’est pas banalisé, qui est minoritaire. Le film propose ça gentiment, une marge pas flamboyante, discrète, mais essentielle.
Gagnez 5×2 places pour la projection du film en présence du réalisateur le 29 janvier à 20h au Cinéma Opéra de Lyon en envoyant nom+prénom à redaction[at]heteroclite.org (Objet : James Dean)
Ma vie avec James Dean, de Dominique Choisy, avec Johnny Rasse, Mickaël Pélissier, Nathalie Richard… En salles le 23 janvier.
© Charles Pietri
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