
Des noms des femmes trans dans l’espace public à Lyon ?
La mairie du 1er arrondissement a lancé mardi 2 novembre une consultation pour donner des noms de femmes à trois lieux publics. Parmi les quinze propositions figurent deux femmes trans : Marsha P. Johnson et Ovida Delect.
Malgré les efforts des colleuses féministes qui, en 2014 et 2016, avaient tenté de rebaptiser de façon non-officielle certaines rues de Lyon, la capitale des Gaules, contrairement à Paris, Bordeaux, Metz ou Montpellier, ne compte aucun lieu ni équipement public nommé d’après une personne ouvertement lesbienne, gay, bi, trans ou intersexe. Cela pourrait bientôt changer grâce à une initiative de la mairie du 1er arrondissement, qui souhaite « rendre visibles dans l’espace public les femmes qui se sont illustrées par leur combat, leur engagement, leur créativité et leurs performances ». Au printemps dernier, elle a ainsi consulté associations et habitant·es pour savoir quelles femmes ils et elles souhaitaient honorer. «Toutes [les propositions] ont été retenues, à l’exception de celles évoquant des femmes vivantes ou déjà nommées dans la ville de Lyon », précise la mairie. Parmi la liste de quinze noms ainsi constituée, on trouve des femmes françaises ou étrangères, lyonnaises ou non, des artistes, des sportives, des combattantes… et deux femmes trans : Marsha P. Johnson (1945-1992) et Ovida Delect (1926-1996).
Désormais bien connue dans les milieux queers et LGBT+, la première a participé aux émeutes de Stonewall en 1969, co-fondé l’année suivante (avec Sylvia Rivera) une éphémère organisation d’entraide et d’hébergement des jeunes gays, trans et drag-queens sans-abri (le STAR) et milité à la fin de sa vie aux côtés d’Act Up New York contre le sida. Son nom a été proposé par l’antenne lyonnaise de l’association SOS homophobie.
Moins célèbre, Ovida Delect n’en a pourtant pas moins un parcours exceptionnel. Résistante à l’Occupation allemande dès son adolescence, elle est arrêtée en 1944 par la Gestapo, torturée puis déportée dans un camp de concentration, auquel elle survit. Poétesse, militante communiste, elle effectue sa transition sociale à l’âge de 55 ans, et fait l’objet d’un beau documentaire de Françoise Romand, Appelez-moi madame.
Outre Marsha P. Johnson et Ovida Delect, ont également été suggérés les noms de la militante contre l’apartheid Dulcie September, de la tenniswoman Suzanne Lenglen, de la chanteuse de rai Rimitti, de la combattante anti-esclavagiste Solitude, de la résistante lyonnaise Clémence-Annick Burgard, de la pionnière de l’écoféminisme Ellen Richards… Un beau panthéon au sein duquel les habitant·es du 1er vont devoir faire un choix difficile : seuls trois noms seront retenus pour baptiser le square de la rue Burdeau, le verger situé entre les rues Bodin et Magneval et le city stade (ou terrain multisport) de la rue Vaucanson. Le choix se fera par un vote en ligne (ici), jusqu’au dimanche 14 novembre. Dévoilement des plaques prévu mardi 8 mars 2022, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.
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